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    Michel Tournier - La Fugue du Petit Poucet

    Michel Tournier - La Fugue du Petit Poucet

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    La Fugue du Petit Poucet

    Références de l'ouvrage

    TOURNIER, Michel, « La Fugue du petit Poucet », Le Coq de bruyère, Paris, Gallimard, 1978, 6 pages (pp. 49-65).

    L’auteur

    Michel Tournier (né à Paris en 1924) a fait des études de philosophie et d'ethnologie qui ont marqué son œuvre littéraire. Après avoir réalisé des traductions pour les éditions Plon ou animé des émissions à la radio, il obtient en 1967 le Grand Prix du Roman de l'Académie française pour son premier roman, Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Auteur de romans mythologiques (Le Roi des Aulnes, 1970) et de récits pour la jeunesse (Les Rois mages, 1998), il oriente progressivement son œuvre vers des textes courts : contes, nouvelles, textes brefs non fictionnels. La sensibilité de Tournier à la nature est perceptible dès Vendredi et se retrouve dans la plupart de ses textes, de manière plus ou moins engagée.

    Résumé

    « La Fugue du petit Poucet » est un conte du recueil Le Coq de bruyère (1978), paru pour la première fois en décembre 1974, dans le magazine Elle. Ce récit est une réécriture du célèbre conte de Perrault, dont Tournier inverse la symbolique pour faire « un petit conte écologique » et « une satire de la vie moderne » (Arlette Bouloumié). Dans la version de Tournier, le petit Poucet n'est plus abandonné dans la forêt mais fugue l'avant-veille de Noël pour rejoindre la forêt de Rambouillet afin d'éviter l'emménagement de sa famille à Paris, dans un appartement ultra-moderne au vingt-troisième étage de la tour Mercure. Ayant grandi dans un pavillon de Bièvres agrémenté d'un bout de jardin, Pierre Poucet refuse de quitter ce petit paradis et de renoncer à ses lapins pour un appartement équipé de l'air conditionné, où les fenêtres sont vissées pour protéger les habitants du bruit des avions. Contrairement à son père, le commandant Poucet, bûcheron de Paris, qui prône l'abattage des arbres au profit de la construction de parkings et d'autoroutes, Pierre Poucet voit dans la nature un espace rassurant et chaleureux. Dans la forêt, Pierre est recueilli par les sept filles de Logre qui le conduisent dans une maison tout en bois, où elles vivent alors avec leur père. Ce « vrai géant des bois » est un hippie qui fait découvrir au jeune garçon, admiratif, la saveur des plats végétariens et le sensibilise à sa philosophie fondée sur la spiritualité de l'arbre. De retour dans sa famille et contraint de fêter Noël dans le nouvel appartement de la tour Mercure, Pierre s'évade grâce à ses « bottes de rêve », offertes par Logre, qui lui permettent de se métamorphoser par l'esprit en arbre.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    La thématique écologique occupe une place importante dans ce récit, justifiant l'appellation de « conte écologique » donnée par certains critiques. La réécriture du conte de Perrault est mise au service d'un discours écologique, structuré autour de l'opposition entre un désir d'urbanisation, incarné par le commandant Poucet et un idéal de vie en communion avec la nature, défendu par Logre à travers une longue méditation au style direct. En faisant de Pierre Poucet le personnage principal du récit, Tournier incite le lecteur à suivre le cheminement initiatique de l'enfant vers un retour au « règne végétal », non sans montrer la séduction subversive qu'ont pu opérer, à une époque, les hippies sur la jeunesse.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    La dénonciation d'une urbanisation à outrance repose sur des références concrètes à la modernité qui ancrent le récit dans une époque contemporaine de son écriture. Néanmoins, comme souvent chez Tournier, l'ancrage réaliste est estompé par un discours symbolique et poétique. Ainsi le message écologique prend-il également la forme d'une méditation poétique sur l'arbre ou d'une réécriture fantaisiste de la Chute.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Le conte de Tournier joue précisément à inverser les valeurs attribuées à des figures mythiques, comme celle de l'ogre. Logre, dans « La Fugue du petit Poucet », n'est plus un être effrayant, en quête de chair fraîche mais un hippie converti au végétarisme et un défenseur de la nature. Le personnage s'oppose en tout point au commandant Poucet, autre figure paternelle, bûcheron et partisan d'une urbanisation massive. 

    Citations

    Discours du commandant Poucet sur le travail des bûcherons de Paris : « Les grands peupliers de l'île Saint-Louis et ceux de la place Dauphine, en rondelles de saucisson qu'il a fallu les couper, et descendre les billots un par un avec des cordes. Et tout ça sans casser une vitre, sans défoncer une voiture. On a même eu droit aux félicitations du Conseil de Paris. Et c'est justice. Parce que le jour où Paris sera devenu un écheveau d'autoroutes et de toboggans que des milliers de voitures pourront traverser à cent à l'heure dans toutes les directions, hein, c'est à qui qu'on devra ça d'abord ? Aux bûcherons qu'auront fait place nette ! » (p. 52)

    Discours de Logre : « Voici donc la malédiction des hommes : ils sont sortis du règne végétal. Ils sont tombés dans le règne animal. Or, qu'est-ce que le règne animal ? C'est la chasse, la violence, le meurtre, la peur. Le règne végétal, au contraire, c'est la calme croissance dans une union de la terre et du soleil. C'est pourquoi toute sagesse ne peut se fonder que sur une méditation de l'arbre, poursuivie dans une forêt par des hommes végétariens... » (p. 60)

    Mots-clefs

    arbre / forêt / végétarisme / bûcheron / urbanisme / société de consommation

     

     

    Fiche réalisée par Mathilde BATAILLÉ

    Catégorie générique

    Conte

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