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    Conférence aux "Mardis de Confluences"

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    Bertrand Guest et Jean-Pierre Renou

    "Le végétal performant" - 14 octobre 2014

    Cycle de conférences données à Angers sur le thème de la performance - Coordination Arnaud de Lajartre, enseignant chercheur et directeur adjoint de la SFR Confluences.

    Bertrand Guest (Maître de conférences en littérature générale et comparée à l’Université d’Angers) 

    S’il a bien été question de la « performance » tant nutritive que matérielle du végétal, Bertrand Guest a abordé aussi son omniprésence et son efficience de longue date dans nos imaginaires, de l’architecture médiévale à la littérature contemporaine, à travers une promenade dans l’entrelacs de nos racines et des ramifications complexes de nos sociétés, fondées depuis longtemps bien que d’une façon changeante sur un substrat végétal. Le règne végétal s’avère sans doute le motif idéal pour une interrogation critique de la notion contemporaine de performance, à partir du paradoxe selon lequel le plus efficace des organismes est parfois aussi le plus lent et le plus apparemment inactif. L’objectif pourrait dès lors devenir de répondre à cette question : d’où vient l’idée que ce qui végète est moins « performant » ?

     

    Jean-Pierre Renou (Directeur de l’Institut de Recherches en Horticulture et Semences, directeur de recherches à l’INRA)

    La notion de performance est toute relative et dépendante de l’environnement dans lequel elle est amenée à s’exercer. Dans l’inconscient collectif, un végétal « performant » est celui qui rend le plus de services à l’homme, en termes de nutrition (répondre aux besoins alimentaires), voire de santé (diététique et nutraceutique), quelquefois de qualité de vie (plantes d’ornement ou espaces naturels protégés). Il faut cependant prendre conscience qu’il n’y a pas de performance absolue, mais que tout est affaire de compromis. Une variété végétale peut être considérée comme « performante » sur un caractère donné quand elle est cultivée seule dans une parcelle donnée avec un environnement donné, et être tout simplement incapable de se reproduire dans un espace naturel où elle subira une compétition féroce de la part des espèces sauvages indigènes. Dans ce cadre, elle sera alors dénuée de toute « performance ». Les Anglo-saxons utilisent depuis longtemps la notion de « trade-off » (troc) pour expliquer la façon dont les êtres vivants gèrent l’affection des « dépenses » consenties par les organismes pour faire face aux situations rencontrées. Par exemple un gain génétique en rendement peut s’accompagner d’une perte de qualité nutritive ou d’une plus grande sensibilité aux agressions climatiques ou biotiques. Inversement, le développement d’une résistance à une maladie, parce qu’elle sera « coûteuse » en énergie peut s’accompagner d’une baisse de qualité nutritive, ou de rendement. Pendant longtemps les dispositifs agricoles ont simplifié l’équation en tentant de contrôler l’environnement des plantes (techniques de culture et de récolte améliorées, irrigation, engrais, pesticides…) et ont permis d’augmenter drastiquement la productivité agricole en combinant ces progrès techniques au progrès génétique (cf. la révolution verte liée à la découverte des céréales à paille courte). Mais les contraintes pesant sur l’environnement évoluent et nous amènent à revoir la notion de performance de façon plus intégrative, y compris au niveau de la parcelle cultivée. C’est-à-dire plus en termes de recherche de meilleurs compromis : la meilleure productivité dans le plus grand respect de l’environnement pour préserver sa durabilité. C’est le double défi actuel de la sécurité alimentaire et de l’agroécologie. C’est un changement de paradigme pour les biologistes et agronomes qui ne peuvent plus adresser les questions d’amélioration (génétiques et techniques)  autrement que de façon globaliése pour optimiser les coûts de « trade-off ». Un végétal cultivé devra être « globalement performant », avant d’être « le meilleur dans un domaine spécifique ».

    [résumé proposé par Arnaud de Lajartre]