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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Yannick Lelardoux - Maria Sibylla Merian

    Yannick Lelardoux - Maria Sibylla Merian

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    Maria Sibylla Merian, la mère de l’écologie

    Références de l'ouvrage

    LELARDOUX, Yannick (textes et dessins), Maria Sibylla Merian, la mère de l’écologie, coll. Grands destins de femmes, Naïve, Paris, 2014, 76 planches (non paginé) + planches de « Recherches graphiques ».

    L’auteur

    Yannick Lelardoux est un illustrateur et graphiste indépendant né en 1980. Originaire de Villemomble (en Seine-Saint-Denis), il a illustré la bande dessinée Villemomble, 1 500 ans d’Histoire (édition Lampe de Mémoire) parue en 2011. Très concerné par les problématiques liées à l’écologie, il prête souvent sa plume et son crayon aux associations culturelles et environnementales. Maria Sibylla Merian, dont il est l’auteur complet, est le troisième ouvrage publié dans la collection « Grands destins de femmes » chez Naïve, dont l’ambition est de « retracer le parcours des femmes importantes à travers la bande dessinée. Les auteurs prennent en considération leur enfance, leur adolescence et des aspects peu connus de leur vie pour nous présenter ces femmes sous un jour nouveau » (source : éditions Naïve).

    Résumé

    Cette bande dessinée retrace la vie de Maria Sibylla Merian (1647-1717), présentée dans la postface comme la « fondatrice de l’entomologie, [qui] a mis en évidence l’interaction entre l’espèce et son milieu. Cette interaction constitue la base de l’écologie moderne. » Cette histoire écrite à la première personne présente une femme libre et iconoclaste qui s’est affranchie de la société patriarcale européenne dans laquelle elle vivait. Dès sa jeunesse, elle révèle un goût immodéré pour les insectes. Mariée à l’âge de 18 ans, elle donne naissance à deux filles et poursuit son étude des insectes en formulant le projet d’écrire un ouvrage descriptif du processus de transformation des insectes, remettant ainsi en cause le système aristotélicien admis par tous. Après 1681, l’année du décès de son beau-père Jacob Marrel, Maria Sibylla fuit son mari violent et trouve refuge dans une communauté recluse de piétistes. Mais dix ans plus tard, il lui faut encore s’enfuir, car la communauté religieuse ne lui permet pas de publier ses travaux et d’exprimer sa vision progressiste. Elle obtient le soutien financier d’un riche marchand de soie pour partir avec sa fille cadette au Suriname et découvrir in situ les espèces de chenilles auxquelles elle s’intéresse. Après avoir débarqué en 1700 à Paramaribo où l’accueille la communauté des colons néerlandais sur place, elle s’engage dans une expédition en pleine forêt, accompagnée de guides amérindiens arawaks avec lesquels elle fraternise rapidement. Cette immersion dans la communauté autochtone fait prendre conscience à Maria Sibylla des connaissances précieuses dont les indigènes sont dépositaires, mais aussi des persécutions dont ils sont victimes, qui les réduisent en esclavage. À son retour, en 1701, l’entomologiste parvient à commercialiser son ouvrage et tient à rendre hommage aux Amérindiens qui l’ont aidée dans ses recherches. L’histoire presque hagiographique s’achève sur l’évocation du destin de chacun des principaux personnages féminins autour de Maria Sibylla vieillissante : la fille aînée de Maria Sibylla est repartie au Suriname, Indianin, son amie amérindienne, est morte de maladie en Europe, tandis que la fille cadette s’est mariée avec un peintre suisse.

    Le dessin de la bande dessinée, tout comme la composition des planches, est de facture classique. Les traits des personnages sont réalistes, les couleurs aquarellées, dans un style qui rappelle celui des carnets de voyage. La représentation des espèces d’insectes, dans la tradition du dessin d’observation naturaliste, reste cependant assez limitée, l’accent étant placé sur les différentes étapes de l’histoire de l’héroïne. La bande dessinée n’incorpore donc pas pleinement la dimension artistique du travail de Maria Sibylla Merian dont la notoriété tenait aussi à sa virtuosité à peindre les insectes.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    L’écologie, en tant que discipline fondamentale pratiquée par le personnage principal, tient une place centrale. Dans la mesure où l’histoire se déroule au XVIIe siècle, le terme d’écologie est anachronique. Le travail de Maria Sibylla Merian relève de l’entomologie ; cependant, par son approche révolutionnaire qui consiste à comprendre les interactions entre les êtres vivants plutôt qu’à collectionner les espèces, Maria Sibylla Merian est explicitement présentée dans le paratexte (titre de l’ouvrage, postface) comme la « mère de l’écologie ». Or, l’écologie telle que la découvre l’héroïne repose sur l’observation respectueuse des connaissances des populations indigènes rencontrées au Suriname. Ainsi présentée, la préoccupation écologique se caractérise par une rupture avec une pensée patriarcale et européanocentrée.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    L’histoire biographique de cette bande dessinée se veut fidèle à la réalité. Par ailleurs, le récit évoque la science naturaliste telle qu’elle circulait couramment au XVIIe siècle, qui se caractérise par une insensibilité aux interactions des êtres vivants.

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    La lecture rétrospective qui consiste à faire de Maria Sibylla Merian la mère de l’écologie constitue un parti pris éditorial. La pensée écologique est associée au féminisme, puisque l’histoire de ce personnage s’inscrit dans une collection de biographies de femmes qui sont autant de figures de l’émancipation féminine.

    L’introduction du personnage d’Indiadin, proche amie amérindienne de l’héroïne, permet une variation sur le mythe du bon sauvage (bien que ce mythe soit apparu au XVIIIe) qui valide une opposition manichéenne entre peuples dits civilisés et peuples autochtones attachés à des traditions en harmonie avec la nature. Cette représentation très contrastée participe au projet édifiant du récit.

    Citations

    Planche 33 :
    Composition : une petite et une grande case sur chacune des trois bandes de la planche – Maria Sibylla s’entretient avec M. Block, un riche marchand de soie. à la fin de la planche précédente, elle dit qu’il faudrait étudier les insectes « dans leur contexte » :

    case 1 : gros plan du visage de M. Block de trois quart face : « C’est-à-dire ? »

    case 2 : plan rapproché des visages de M. Block (les traits vieillissants, une perruque en guise de coiffe), son épouse et Maria Sibylla, qui prend la parole : « Eh bien, voyez-vous, lorsque j’observe ces insectes, une multitude de questions me viennent à l’esprit… Que mangent-ils ? Comment se reproduisent-ils ? Quelles transformations subissent-ils au cours de leur croissance ? »

    case 3 : plan rapproché de Maria Sibylla, visage radieux : « Pour répondre à ces interrogations, il faudrait les observer dans leurs milieux naturels et rendre compte de tout cela en peinture. »

    case 4 : plan rapproché du couple qui écoute la suite des propos de leur interlocutrice : « En fait, il me semble indispensable d’aller sous les tropiques au Surinam pour y étudier les insectes. »

    case 5 : Plan rapproché de Mme Block sur un fond bistre (alors que toutes les autres cases ont un fond bleu) : « Et vous iriez vous-même ? »

    case 6 : plan moyen de deux cadres dans lesquels sont épinglés un ensemble de papillons dans le premier et trois coléoptères apparentés à des scarabées dans le second. La réponse de Maria Sibylla hors champ domine l’image dans une bulle sans appendice : « Pourquoi pas ? Qui pourrait m’en empêcher ? Je n’ai plus de parents, plus de mari et je suis sûre que ma fille cadette, Dorothea, serait ravie de m’accompagner ! »

    Mots-clefs

    insectes / écologie / féminisme / colonialisme / forêt / animaux / écoféminisme

     

     

    Fiche réalisée par Blandine CHARRIER                                   

    Catégorie générique

    Bande dessinée biographique