Aller au contenuAller au menuAller à la rechercheAller à la page d'actualités

EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


Navigation principale

    Recherche

    Fil d'ariane

    La recherche en littérature environnementaleRessources pour tous

    Richard McGuire - Ici

    Richard McGuire - Ici

    • Partager la page sur les réseaux sociaux
    • Envoyer cette page par mail

      Envoyer par mail


      Séparés par des virgules
    • Imprimer cette page

    Ici

    Références de l'ouvrage

    McGUIRE, Richard, Ici (Here), traduit de l’anglais (USA) par Isabelle Troin, Gallimard, Paris, 2015 [Pantheon, 2014], non paginé (304 pages).

    L’auteur

    Richard McGuire est un artiste états-uniens né dans le New Jersey en 1957. Si sa pratique artistique est éclectique (musique, graphisme, design), il s’est principalement fait connaître avec ses illustrations de couverture du New Yorker. Il a également publié plusieurs livres pour la jeunesse et participé à la réalisation de deux films d’animation français. L’ouvrage Ici est sa première longue bande dessinée. Elle est née d’une bande dessinée de 6 pages publiée en 1989 dans la revue d’avant-garde RAW dirigée par Art Spiegelman et Françoise Mouly, déjà intitulée Here, qui présentait exactement le même dispositif narratif et graphique, et dont le caractère novateur a reçu un accueil critique retentissant.

    Résumé

    Le récit que propose Ici brise la logique narrative traditionnelle, car il ne repose pas sur le déroulement continu d’une histoire, mais sur une vue multidimensionnelle du temps. Il s’agit de l’histoire d’un lieu, qui semble pouvoir être situé en Amérique du Nord. Il est alternativement et simultanément un espace d’habitation, un espace vierge, un lieu de vie pour les êtres humains, les animaux, de toutes espèces et de toutes époques. Toutes les pages proposent en effet exactement le même point de vue, déroulant tout au long de l’ouvrage un plan fixe dans lequel s’ouvrent des fenêtres temporelles différentes sous la forme de vignettes en incrustation – étiquetées d’une date – qui donnent un aperçu des présences et des absences en ce lieu, de ses vides et de ses pleins. Si le cadre spatial est très resserré, l’amplitude temporelle est en revanche considérable, puisqu’elle va de 3 500 000 000 av. J.C. jusqu’à l’an 22 175. Par des jeux d’échos et de correspondances, les habitants du lieu se répondent parfois, bien que séparés dans le temps. Les questions et les réflexions des personnages sans identité propre peuvent être amusantes, légères, ou au contraire graves, voire métaphysiques. À travers la transformation du lieu dans le temps, c’est aussi le processus du vieillissement qui est interrogé. Le principe original de la « diffraction temporelle », selon l’expression de Thierry Groensteen, court-circuite le sens de l’histoire et invite le lecteur à regarder le lieu comme un palimpseste. Avec Ici, le lieu devient personnage, ou plutôt disqualifie tout personnage, il est le témoin des interactions entre les êtres qui s’y rencontrent ou le traversent.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Le rapport à l’écologie dans cet ouvrage n’est pas thématique mais avant tout formel, même si quelques considérations sur la préservation de la planète affleurent par les remarques de certains personnages. Le lieu est présenté comme un milieu permanent et continu dans lequel se manifestent toutes sortes de relations entre les êtres qui l’occupent. En cela, Ici constitue un dispositif graphique et narratif original destiné à mettre en scène l’objet même de la science écologique. La temporalité de la bande dessinée excède les temps humains et opte pour une échelle géologique, même si les quelques siècles de la période contemporaine de l’histoire sont nettement plus représentés que les périodes très éloignées de l’humanité.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Il n’y a pas d’événements à proprement parler, l’histoire se contente d’enregistrer de façon réaliste et même banale l’activité et les mouvements des êtres vivants dans l’espace.

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Non.

    Citations

    Double page étiquetée 1930. Plan d’ensemble d’un living-room, une fenêtre encadrée de rideaux sur le mur de gauche, une cheminée sur le mur de droite. Dans l’angle de la pièce se trouvent l’ébénisterie d’une TSF et une lampe. Devant la fenêtre, on devine un canapé. Au centre de la pièce, une femme d’âge mûr, vêtue d’une robe sobre gris pâle, passe la serpillère. Dans le fond de la pièce, une petite vignette « 1990 » fait apparaître un chien qui vient de produire une crotte. À gauche, dans une vignette « 1949 », un homme en sous-vêtements enfile une combinaison de travail (les tons violets du fond de la vignette suggèrent que la lumière est celle de la nuit ou du petit jour). À droite de la double page, dans une vignette « 1960 », une femme partiellement hors champ se dessine, presque de dos, le visage tourné vers un canapé. Au premier plan, quasiment au centre de la double page, une vignette « 10 000 000 av. J.-C. » propose un gros plan sur les pattes d’un animal préhistorique qui ressemblent à celles d’une autruche. La liaison entre les différentes vignettes ne produit pas nécessairement un sens univoque, mais il est toujours possible de relever des échanges ou des connexions entre ces fenêtres temporelles qui produisent un effet ou une émotion. Sur cette page par exemple, la crotte du chien est un contrepoint humoristique de la serpillère de la femme.

    Double page étiquetée 1952. Plan d’ensemble d’un living-room, une fenêtre encadrée de rideaux sur le mur de gauche, une cheminée sur le mur de droite (à peine visible). Dans cette grande vignette, devant la fenêtre à gauche, un couple s’enlace. Plus proche du centre, une vignette « 1972 » présente un couple un peu plus âgé mais vêtu pareillement, se serrant par la taille ; la femme dit « Il est comme ça depuis des années ». Au centre de la double page, la vignette « 1998 » donne toute la place à une femme de dos, âgée si l’on en croit ses cheveux blancs, qui dit « C’est toujours la même chose. C’est comme ça. » À droite, une vignette « 1930 » figure un couple visiblement assez jeune, de dos, se serrant par la taille, observant la cheminée. Les quatre scènes s’emboîtent assez naturellement, elles forment une juxtaposition des différents moments de vie d’un même couple, jusqu’au veuvage. Les personnages se font face et se répondent indirectement.

    Mots-clefs

    lieu / temps / espace / animaux / humains

     

     

    Fiche réalisée par Blandine CHARRIER

    Catégorie générique

    Bande dessinée