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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Patrick Chamoiseau - L'Empreinte à Crusoé

    Patrick Chamoiseau - L'Empreinte à Crusoé

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    L'Empreinte à Crusoé

    Références de l'ouvrage

    CHAMOISEAU, Patrick, L'Empreinte à Crusoé, Paris, Gallimard, 2012, 256 pages.

    L’auteur

    Patrick Chamoiseau est un écrivain français originaire de Martinique. Il revient sur ses origines martiniquaises dans la trilogie autobiographique Une Enfance créole. L'auteur, qui publie son premier roman, Chronique des sept misères, en 1986, obtient le Prix Goncourt en 1992 pour son roman Texaco. À travers ses écrits – récits, essais, etc. –, influencés par les travaux d'Édouard Glissant, il s'intéresse à la culture créole et à l'histoire de la Martinique (Éloge de la créolité, 1989, etc.). Chamoiseau est également l'auteur de préfaces d'ouvrages sur l'écologie (L'écologie ou la passion du vivant. Quarante ans d'écrits écologiques, Garcin Malsa, 2008 ; Écologie tropicale : de l'ombre à la lumière, ouvrage collectif sous la direction de Pierre-Michel Forget, Martine Hossaert-McKey et Odile Poncy, 2015). Sa sensibilité écologique se retrouve dans son œuvre littéraire.

    Résumé

    L'Empreinte à Crusoé s'inscrit dans le genre de la robinsonnade, ce qu'annonce son titre polysémique. En écrivant ce récit, Chamoiseau a confié vouloir « aller entre Defoe et Tournier, entre deux masses de lumière. Trouver l'interstice » (p. 240). L'Empreinte à Crusoé est un récit à la première personne des années de vie, sur une île déserte, d'Ogomtemmêli – négrier dogon devenu amnésique et jeté à la mer. Ce récit se compose de trois étapes autour desquelles s'articule l'évolution du personnage durant ses douze ans sur l'île. La première partie du récit, « L'idiot », correspond aux années de solitude d'Ogomtemmêli durant lesquelles le personnage domestique la nature insulaire. Ce quotidien est interrompu par la découverte d'une empreinte humaine sur la plage, qui ouvre une phase d'angoisse de la présence de l'Autre. La deuxième partie du récit, « La petite personne », marque la prise de conscience que cet Autre, représenté par l'empreinte, n'est pas forcément malveillant. Mais cet élan altruiste prend fin quand le personnage, superposant son pied à l'empreinte, comprend qu'il s'agit de sa propre trace. Dans la troisième partie, « L'artiste », Ogomtemmêli, constatant que son pied ne se confond pas parfaitement avec sa propre empreinte, découvre la complexité de son moi, et des Autres qui le composent. Le cheminement initiatique du personnage est mis à mal par l'arrivée d'un navire, dont le capitaine est Robinson Crusoé.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Les thèmes écologiques ne constituent pas un enjeu de premier ordre dans l'intrigue du récit, située dans les années 1650. La sensibilité de l'auteur aux questions environnementales s'exprime néanmoins à travers la place qu'occupe la nature dans le cheminement initiatique du personnage principal. Lorsqu'il interrompt l'entreprise frénétique d'organisation de son île, Ogomtemmêli découvre qu'un autre rythme de vie est possible, plus épanouissant que le précédent, en harmonie avec la nature. Il réalise qu'« il fait partie de l'écosystème naturel » (Chamoiseau, entretien L'Express). Chamoiseau témoigne ainsi de l'influence de Tournier sur son œuvre, avec qui il partage une conscience écologique.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Si les événements liés à l'écologie sont réels, le roman se caractérise essentiellement par une approche poétique et philosophique de la nature, comme Vendredi ou les Limbes du Pacifique de Tournier. Contrairement au Robinson de Defoe, il ne s'agit plus, pour le Robinson de Chamoiseau, de conquérir la nature en la domestiquant à des fins de productivité mais de vivre en communion avec son île, dans « une attitude plutôt bouddhiste que protestante » (Isabelle Constant, Le Robinson antillais). Cette évolution du rapport du personnage à la nature est aussi associée au séisme, cette « catastrophe naturelle, écologique » (Chamoiseau, entretien L'Express), qui ébranle l'île. La fusion physique et spirituelle d'Ogomtemmêli avec la nature donne lieu à des descriptions poétiques, qui traduisent une sensibilité aux sagesses orientales.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Sans être une figure typique en lien avec l'écologie, Ogomtemmêli, qui passe de l'action à la contemplation, est le reflet d'une lecture de plus en plus fréquente, ces dernières décennies, de la figure mythique de Robinson Crusoé, sous l'angle des préoccupations environnementales.

    Citations

    « un jour, je débouchai sans m'y attendre sur une plage insolite ; dépourvue de sable, couverte de grosses pierres, avec juste comme repères familiers le ressac des vagues et les jeux de l'écume ; m'approchant de quelques pas, je me pâmai de surprise : la plage était envahie par des tortues marines ; il y en avait tant que plus un grain de sable n'était visible sur cette anse retirée ; impossible de déterminer ce qu'elles y pratiquaient – si elles pondaient de manière démentielle ou se livraient à des accouplements collectifs monstrueux… ; sans doute étaient-elles victimes d'un obscur envoûtement : elles étaient simplement là, lentes, frémissantes, passionnées, se déplaçant par millimètres, montant et remontant, se chevauchant sans cesse, dans une frénésie à moitié immobile qui n'arrêtait pas de me confondre […]. » (p. 117-118)

    « mon regard était devenu tellement aigu que je pouvais m'attacher à des choses qui en d'autres temps m'auraient paru insignifiantes : un cactus fleuri, levé dans la fissure d'une roche brûlante ; des nuances de quartz rose dans une anse de sable noir ; de petites plantes-couronnes accrochées à des troncs et qui pour se nourrir déployaient dans le vent des racines d'un vert tendre ; mille fleurettes de savane, aussi minuscules que ces insectes qu'elles attiraient en masse ; durant mes très patientes contemplations, je tressais quelque chose de mes mains devenues créatrices ; j'accrochais partout des objets insolites, qui ne proclamaient rien d'autre que leur forme sans idée, leur mouvement sans projet, leur saisie d'une perception qui ne démontrait rien […]. » (p. 212)

    Mots-clefs

    île / contemplation / vie sauvage / séisme / tortues / animaux

     

    Fiche réalisée par Mathilde BATAILLÉ                                       

    Catégorie générique

    Roman