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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Remo Fasani - Novénaires

    Remo Fasani - Novénaires

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    Novénaires

    Références de l'ouvrage

    FASANI, Remo, Novénaires/Novenari, traduit de l’italien (Suisse) par Christophe Carraud, illustrations de Pierre-Yves Gabioud, Éditions de la revue Conférence, Paris, 2011, 99 pages.

    L’auteur

    Remo Fasani est né en 1922 dans une vallée italophone des Grisons suisses. Traducteur de Goethe, Eichendorff, Baudelaire et Mallarmé, grand lecteur de Dante et Hölderlin, il a enseigné la langue et la littérature italiennes à l’Université de Neuchâtel. Il est l’auteur d’une vingtaine de recueils poétiques, la plupart en italien mais intégrant des poèmes en français et en allemand, célébrant la Suisse plurilingue et ses lieux qui, bien que retirés (Sils Maria, Maloja), sont un séjour dans le monde global (« Un lieu sur la terre », Un luogo sulla terra, 1992 ; « Le vent de Maloggia », Il vento del Maloggia, 1997 ; « Le pur regard sur les choses », Der reine Blick auf die Dinge/Il puro sguardo sulle cose, 2006). Remo Fasani est mort en 2011, un mois avant la parution de cet ultime recueil bilingue.

    Résumé

    Dans ce long poème décliné en quatre-vingt dix neuf strophes de neuf vers chacune, Fasani livre observations et pensées quotidiennes en manière de « testament avec le neuf pour chiffre », s’en remettant à une forme de perfection mystique pour mieux suggérer la portée cosmologique du propos, déjà soulignée par le patronage composite du Tao et de Dante, de Nietzsche et du Bouddha. L’originalité de cette poésie simple de montagne est qu’on y trouve aussi bien l’évocation concrète d’un ermitage estival – le poème rend sensibles la pluie, le brouillard ou l’orage – qu’un regard sur des catastrophes contemporaines de l’expérience individuelle bien qu’a priori fort éloignées : l’assassinat d’Alberto Adriano par des néo-nazis à Dessau, signe de haines sociales à méditer, ou encore le crash du Concorde à Paris et le naufrage du Koursk, tributs levés par le « progrès » chez l’homme idolâtre de la technique. Le point commun de ces détails poétiquement réunis : ils attestent qu’un homme retiré en montagne pense parfois mieux son époque que bien des citadins connectés. Ils suggèrent cette puissance de l’action et de l’ancrage locaux pour lire un monde global, puissance à même sans doute de lever toute marginalisation du texte comme soi-disant « littérature régionaliste ».

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Ils sont affiliés à une tradition bien précise, romantique au sens large, qui est celle du regard et du paysage. La démarche phénoménologique rappelle celle du journal en général, son rituel consistant à noter les petits événements cycliques d’une nature présente sous forme d’espace et de temps (horizons, météorologie), à écrire l’histoire de tel nuage passé devant le temple du regard. Relève aussi de l’écologie la question cosmiciste de l’articulation entre échelles locale et globale : c’est l’ancrage ici et maintenant qui permet la projection du regard sur l’ailleurs.

     Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Ils sont réels même si subtils, modestes et fugitifs, presque imperceptibles, n’étant pas toujours posés par le texte comme des problèmes. S’il est question, très concrètement et à partir d’observations précises, de la raréfaction de l’eau et du réchauffement climatique, de ce blanc chaque année moins vif sur les hauteurs et de ces « océans exorbités », ces « tropiques montés au pôle » avec les tempêtes devenues plus fréquentes (59), la question écologique est ici surtout celle de la possibilité de dire le monde, d’en rendre l’apparition sensible. Les gravures de paysages, d’une très grande profondeur, participent de près à cette évocation palpable et brumeuse.

     Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Plutôt que des personnages, le recueil manifeste une parole parcourant le monde, notamment mais sans exclusive, sur le ton du regret et de l’élégie pastorale qui rappelle que « la Terre brûle » (10) et qu’autrefois n’existait pas d’ « homme de malheur » pour attenter à sa vie, animale et végétale. Il y a un relatif effacement de la personne humaine qui ne prend plus toute la place, effacement voire évidement de l’auteur comme du personnage qui est assez caractéristique et d’une certaine poésie métaphysique, et de la littérature environnementale.

    Citation

    La globalisation… ainsi

    la fin du monde : biens et bêtes

    en déroute, en fuite éperdue

    d’un bout à l’autre de la terre ;

    hommes déracinés et transférés,

    pire : licenciés sur le champ

    de leur travail et de leur vie ;

    et les riches toujours plus riches ;

    jusques à quand ?

    (poème n°11)



    Mots-clefs

    montagne, individu, solitude, eau

     

    Fiche réalisée par Bertrand GUEST                                   

     

    Catégorie générique

    poésie