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    José María Arguedas - Les fleuves profonds

    José María Arguedas - Les fleuves profonds

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    Les fleuves profonds

    Références de l'ouvrage

    ARGUEDAS, José María, Los ríos profundos, Madrid, Ed.Cátedra, 1998. [Première publication : Los ríos profundos, Buenos-Aires, ed. Losada, 1958]
    Les fleuves profonds, traduit de l’espagnol (Pérou) par Jean-Francis Reille, Paris, Gallimard 2002.

    L’auteur

    José María Arguedas naît en 1911 à Andahuaylas, dans les Andes péruviennes, dans une famille de propriétaires terriens d’origine espagnole. Suite à la mort précoce de sa mère, il est élevé à la campagne par des servantes indiennes, dans la culture et la langue quechua, ce qui marquera profondément sa vie et son œuvre. En effet, il se trouve à la croisée de deux mondes souvent antagonistes, celui des blancs et celui des indiens, et cherchera obstinément et douloureusement à faire la synthèse entre ces deux cultures.

    À la fois romancier, en relation avec le mouvement indigéniste finissant, professeur, chercheur sur le folklore, directeur de plusieurs institutions culturelles, il s’engage dans la vie politique de son pays, hésitant entre plusieurs tendances, du socialisme au communisme, en passant par les théories de José Carlos Mariátegui. Il se suicide, en 1969, pour des raisons encore mal éclaircies.

    Résumé

    Les résonnances autobiographiques sont très fortes dans Los ríos profundos, roman écrit en première personne. Le héros, Ernesto, est un adolescent qui suit son père, « avocat de province, itinérant et instable » dans différentes petites villes des Andes péruviennes, où le jeune homme apprend à connaître les populations locales, et observe les milieux naturels. Un jour, après une solennelle visite à Cuzco, l’ancienne capitale des Incas, le père laisse son fils en pension à Abancay, dans une institution religieuse. Dans cette ville, encore très rurale à l’époque, le jeune homme observe la société que constituent ses congénères, et occupe son temps libre par de grandes promenades dans la nature environnante. Les descriptions de paysage, et les réflexions sur celui-ci abondent, avec une sensibilité héritée des indiens du lieu, que le jeune Ernesto fréquente assidument. Le roman mène aussi une réflexion politique : Ernesto observe attentivement les relations entre les différentes classes sociales, marquées du sceau de l’injustice, et participe d’une certaine façon aux mouvements sociaux qui en découlent, réprimés dans la violence par les représentants de l’Etat.

    Le jeune héros essaye ainsi de trouver sa place entre deux cultures, dont l’une, celle des indiens, fait une large place à l’harmonie avec le milieu naturel.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Il est difficile de parler d’écologie pour un texte écrit dans un lieu et un temps où ce concept n’avait pas la diffusion qu’il a maintenant. Il n’en est pas moins vrai que la nature est omniprésente dans ce roman, qu’elle est décrite avec une précision toute scientifique (les noms d’arbres, d’animaux etc. abondent) mais aussi avec beaucoup de sensibilité et de poésie. Le respect de la nature est intimement lié à une culture, celle des indiens qui sont les habitants majoritaires des hauts-plateaux andins, conformément à la réalité sociologique des années 50. Et le roman est aussi une apologie de cette culture, de ses valeurs et de sa langue, aussi respectable que celle des « criollos » et leur langue, le castillan. Les citations en quechua (expressions, poèmes etc.) sont très nombreuses dans le texte.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Il n’est pas fait mention dans ce livre d’événements qui peuvent être précisément liés à des questions écologiques. Sans doute parce que le roman a une dimension autobiographique, et d’une certaine façon réaliste, et que la question écologique ne se posait pas dans le territoire et à l’époque considérée, ou les questions de conflits sociaux et de conflits agraires préoccupent davantage.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Le lecteur d’aujourd’hui peut affirmer que le héros du roman, Ernesto, a une sensibilité écologique développée, mais ce n’est sans doute pas la pensée du romancier. Pour lui, la symbiose avec la nature et le respect qui doit lui être porté est un élément de la culture des indiens quechuas, culture qui ne doit pas s’opposer aux autres cultures du Pérou, mais se fondre avec elles.

    Citation

    « El hombre los (los árboles) contempla desde lejos ; y quien busca sombra se acerca a ellos y reposa bajo un árbol que canta solo, con una voz profunda, en que los cielos, el agua y la tierra se confunden.
       Las grandes piedras detienen el agua de esos ríos pequeños ; y forman los remansos, las cascadas, los remolinos, los vados. Los puentes de madera o los puentes colgantes y las oroyas, se apoyan en ellas. En el sol brillan. Es difícil escalarlas porque casi siempre son compactas y pulidas. Pero desde esas piedras se ve cómo se remonta el río, cómo aparece en los recodos, como en sus aguas se refleja la montaña. Los hombres nadan para alcanzar las grandes piedras, cortando el río llegan à ellas y duermen allí. Porque de ningún otro sitio se oye mejor el sonido del agua. » (Chap. 2, p. 173-174)

        L’homme les (les arbres) contemple de loin ; et celui qui cherche de l’ombre s’approche d’eux et repose sous un arbre qui chante seul, d’une voix profonde où les cieux, l’eau et la terre se confondent.
        Les grandes pierres arrêtent l’eau de ces petites rivières ; et forment les nappes, les cascades, les remous, les gués. Les ponts de bois ou les ponts suspendus, ou les passerelles y prennent appui. Elles brillent au soleil. Il est difficile de les escalader car elles sont presque toujours compactes et polies. Mais depuis ces pierres on voit l’amont de la rivière, comment elle apparaît dans les méandres, comment dans ses eaux se reflète la montagne. Les hommes nagent pour atteindre les grandes pierres, ils y arrivent en traversant la rivière, et dorment là. Parce que depuis aucun autre endroit on entend mieux le son de l’eau. (trad. Roselyne Mogin-Martin)

    Mots-clefs

    nature andine / cultures en conflit / indiens quechuas / forêt / animaux

     

    Fiche réalisée par Roselyne MOGIN-MARTIN

    Catégorie générique

    Roman autobiographique