Les Fils de la terre
Références de l'ouvrage
MÔRI Jinpachi (scénario), HATAJI Hideaki (dessins), Les fils de la terre,
traduit du japonais par Adrien Tchou,
collection Gingko, Akata, éditions Delcourt, Paris, 2007.
Série en trois volumes de 224 pages chacun, achevée en 2008.
L’auteur
Jinpachi Môri est un scénariste de manga né en 1958 dans la préfecture de Nagasaki. Auteur engagé, il s'intéresse au milieu juridique, à l'agriculture et à l'ethnologie. Il a participé au journal agricole National Agricultural News et est l'auteur d'un reportage sur l'ethnologue Tsuneichi Miyamoto. Dans la sphère du manga, il a écrit la série Kasai no hito et celle de Tajikarao. Ses thèmes majeurs sont l'avenir de notre planète, la perte des valeurs ancestrales et la destruction de nos richesses naturelles.
Résumé
Shuntaro Natsume, jeune employé du ministère de la culture et de l'éducation, se voit confier par le premier ministre l'importante mission de redorer l'image de l'agriculture, déclinante au Japon, et de pousser le plus grand nombre de jeunes à s'engager dans le métier d'agriculteur. Natsume accepte cette mission avec entrain même si les autres membres du gouvernement la considèrent comme impossible. Pour mener sa mission à bien, il va devenir professeur dans le lycée agricole de Fukayama, dans le village reculé de Takazono, afin de remotiver les élèves et leur apprendre l'intérêt du travail de la terre. Il va également rencontrer Kohei, jeune agriculteur, qui va lui apprendre tout l'art d'être paysan. Ensemble, ils vont tenter à la fois de redynamiser Takazono, village à la population vieillissante, délaissé par ses habitants au profit de la ville, et de redonner à l'agriculture traditionnelle sa vraie valeur.
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
Les thèmes écologiques sont marginaux dans le texte. Si l'agriculture est le sujet principal de ce manga, les méthodes traditionnelles et naturelles sont néanmoins évoquées. Natsume rencontre ainsi Chieko, vieille paysanne vêtue de son Monpé (pantalon traditionnel paysan) qui cultive seule et à la main tous ses concombres de façon naturelle. Natsume découvre le travail de la terre sans machines, il ramasse les poireaux à la main avec les autres agriculteurs. De même, lorsque Natsume plante pour la première fois des patates douces, le vieil agriculteur Saku lui suggère de mettre de l'herbicide. Natsume refuse, préférant arracher les mauvaises herbes à la main, peu importe le temps que cela prendra.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
Toutes les péripéties de ce manga sont imaginaires, même si certains événements se basent sur des informations réelles. Dans le premier tome du manga, Kohei explique pourquoi son concombre japonais « avec bloom » est bien meilleur que le concombre de supermarché « sans bloom » (les concombres japonais ont la particularité d'avoir sur leur peau des rugosités. De ces rugosités sort le « bloom », c'est à dire une substance blanche que les citadins confondent avec des restes de pesticides, alors qu'en réalité cette substance blanche témoigne de la fraîcheur du produit). Ce concombre, goûté par Natsume, est tellement croquant qu'il agit alors comme une madeleine de Proust. Il s'imagine de retour en enfance, dans un champ en été.
Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Le personnage de Kohei est en réalité un maraîcher qui cultive sans produits chimiques. Il vend ses légumes en faisant du porte à porte et des marchés, en expliquant à ses clients qu'il cultive ses légumes avec de l'engrais naturel. En effet, il doit convaincre de la qualité de ses produits, car les clients voyant ses daikons (radis blanc japonais) et ses légumes avec des trous n'osent les acheter. Il explique ainsi que ses légumes sont cultivés avec du fumier, sans ajout de produits chimiques et qu'ils sont ainsi plus fermes et contiennent plus de vitamine C. À l'inverse, Kohei subit les railleries d'un agriculteur du village voisin, qui pratique une agriculture intensive avec sa moissonneuse batteuse à dix millions de yens.
Citations
Lorsque Kohei va vendre ses légumes à un professeur d'agriculture du lycée de Fukayama, ce dernier les trouve un peu difformes (tome 1, p. 72) :
Case 1 : Gros plan du visage de Kohei qui affiche une expression déterminée : « Regarde bien ces légumes avant de les juger ! »
Case 2 : Très gros plan sur un carton rempli de légumes (radis blancs, cornichons, tomates). Voix de Kohei, hors champ : « Parce que, ouais c'est vrai, ils ne sont pas très beaux, mais vous ne trouverez pas plus frais ni savoureux ! ». Voix du professeur, hors champ : « Ne t’énerve pas ! Je plaisantais ! Tu me les fais à combien ? »
La pollution des eaux par l'agriculture chimique et mécanisée est mentionnée lorsque Natsume va pêcher avec le vieux Saku à une très belle rivière du village (tome 2, p. 54) :
Case : Plan moyen de deux jeunes hommes et un vieillard à la mine radieuse, équipés de cannes à pêche. Natsume, au centre, s’exclame : « Waouh ! Quelle magnifique rivière ! ». Le vieux Saku répond : « Il n'y a aucun champ ni village en amont, elle est donc très propre. Et comme elle est petite, personne n’y vient jamais. Sauf nous ! »
Mots-clefs
agriculture / vie paysanne / savoir-faire / formation
Fiche réalisée par Tony GOUPIL