Le puits
Références de l'ouvrage
REPILA, Ivan, Le Puits, (El niño que robó el caballo de Atila), traduit de l’espagnol (Espagne) par Margot Nguyen Béraud, Denoël, Paris, 2014 (2013 pour la version originale), préface de Zoé Valdés, 107 pages.
L’auteur
Ivan Repila est né à Bilbao en 1978. Il a travaillé dans la publicité en tant que graphiste, éditeur et directeur culturel. Le Puits est son premier roman.
Résumé
Zoé Valdés, dans la préface, résume le roman ainsi : « Je vous dirai seulement qu’il s’agit de deux frères, le Grand et le Petit, et de leur incessante lutte pour survivre au fond d’un puits semblable à tous les puits : obscur, ténébreux, hostile… comme l’est parfois la vie elle-même. » (p.8)
Le récit présente de nombreuses caractéristiques qui le rapprochent du conte : un temps et un lieu indéterminés, des personnages réduits à la seule désignation du « Grand » et du « Petit » et un schéma narratif simple qui laisse toute la place aux épreuves initiatiques des jeunes garçons. Les deux frères sont en effet piégés au fond d’un puits et doivent organiser leur survie en attendant de trouver enfin l’occasion de se libérer. Dès lors s’engage une lutte terrible contre la faim, puis la maladie et même la folie. L’enjeu est de rester humain en dépit de leur ensauvagement naturel, et alors même que l’être humain se révèle à leurs yeux de plus en plus cruel et barbare. Au terme de presque cent jours de captivité, le Grand parvient à faire échapper le Petit dont la mission est de se venger de cette humanité mauvaise, en tuant leur mère qui les a précipités dans ce trou. Une fois sa besogne accomplie, le plus jeune revient auprès du trou et y trouve son frère mort. Le récit est divisé en 26 chapitres numérotés non pas à la suite mais de façon lacunaire, chaque chapitre correspondant à un jour de captivité (de 1 à 97).
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
Les thèmes écologiques ne sont pas directement abordés dans ce roman, la question cruciale de l'adaptation à leur environnement contraint les deux enfants à s'interroger sur leur humanité. Coincés dans un espace extrêmement réduit, celui du puits, ils doivent chercher à le rendre habitable en y trouvant de quoi boire, se nourrir, dormir ou faire des exercices.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
Dans la mesure où ce récit relève plutôt du conte, les faits et les lieux sont symboliques (à l’exemple du puits qui est comparé à un utérus, mais qui représente également le tombeau ouvert des enfants). Pour autant, le texte décrit des situations crues qui donnent un aspect très réaliste à cette épreuve de survie, en particulier lorsqu’il s’agit de se nourrir (leur régime alimentaire se réduit à des vers de terre exclusivement).
Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Les deux enfants sont des personnages typiques de conte, par le système d’opposition et la complémentarité qui les construisent, mais ils n’ont pas de lien avec l’écologie. Le récit confronte plutôt des concepts antagonistes pour en révéler la perméabilité : rêve/réalité ; violence/amour ; sauvage/civilisé ; animalité/humanité.
Citations
« Ils connaissent bien cette terre, la manière dont se conduit le ciel sous lequel ils ont grandi, le comportement des nuages. Ils savent qu’en cette période de l’année un soleil de plomb annonce l’arrivée imminente de trombes d’eau. Il va pleuvoir, car il pleut toujours lorsque la peau pèle, et dans ces campagnes semble régner une mécanique de la souffrance : à chaque décision de la nature réplique son contraire. C’est pour cette raison que les gens d’ici ont le cuir et le caractère durs, qu’ils font face aux punitions de la terre avec une patience tenace, sans protester ni se plaindre, malgré la fracture émotionnelle, humaine et affective qui en découle ; » (p. 36-37)
« [le Petit] :— Je pense que personne ne nous entend parce qu’on nous prend pour des animaux. On ne l’a même pas remarqué mais ça fait des jours et des jours qu’on s’exprime comme les porcs. Demain, on criera en latin. Pour qu’on nous comprenne.
Il reste silencieux pendant des heures, puis une idée ou une réflexion le stimule et il se met à crier des mots isolés, des sons plus vraiment humains, des poèmes saugrenus.
— Aujourd’hui sera peut-être la veille de moi-même. » (p.54)
Mots-clefs
puits / animaux / nourriture / cruauté / solitude / maladie / animalité / humanité
Fiche réalisée par Blandine CHARRIER