Ninive
Références de l'ouvrage
ROSE-INNES, Henrietta, Ninive, (Niniveh), traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Elisabeth Gilles,
Coll. Écrits d’ailleurs, Éditions ZOÉ, Genève, 2014 (2011 pour la version originale, Umuzi), 282 pages.
L’auteur
Henrietta Rose-Innes est une jeune écrivaine sud-africaine qui vit au Cap. Elle publie avec Ninive son quatrième ouvrage, après deux romans et un recueil de nouvelles. Ninive est son premier texte traduit en français, et celui dont elle est le plus fière. Elle déclare dans une interview (magazine Aerodrome, 02/07/2014) : « C’est un roman très personnel ; les marécages, les insectes, les ruines et les familles bizarres éveillent tous une intime résonance en moi. En même temps, c’est ce qui semble être la chose la plus cohérente que j’ai jamais écrite. »
Résumé
Dans la ville du Cap, Katya Grubbs (grub = larve d’insecte en anglais) a fondé son entreprise de dératisation-désinsectisation, dont la particularité est de « relocaliser » les nuisibles plutôt que les exterminer (Painless Pes Relocations). Un jour, elle est embauchée pour une mission de grande ampleur : débarrasser un complexe immobilier fraîchement construit sur une zone marécageuse, Ninive, de l’invasion de coléoptères appelés goggas. Mais la jeune femme, tourmentée par une histoire familiale complexe, est elle-même envahie par son père, un homme brutal et violent, qui revendique le droit de participer au travail en utilisant des méthodes d’éradication expéditives et veut se venger du promoteur malhonnête qui l’avait d’abord engagé avant de faire appel à sa fille. Lorsque les pluies commencent à s’abattre sur Ninive, la résidence est assaillie par les goggas et ensevelie par le marécage. Après ce naufrage dont nul ne sort indemne, chacun reconstruit sa vie dans un nouveau repli de la ville, dans un mouvement résilient de « relocalisation ».
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
L’attention portée à l’écosystème est prégnante dans ce roman, mais cette sensibilité à l’équilibre précaire de la nature est aussi la métaphore d’une description de la société humaine qui génère ses propres nuisibles et dont les individus sont sans cesse en quête de leur juste place dans un milieu hostile.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
L’ancrage du roman est très réaliste, et les dérèglements naturels observés (logements infestés par des insectes, glissement de terrain) sont vraisemblables.
Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Les personnages du roman ne renvoient justement pas à des types. Katya entretient un rapport affectif tout-à-fait atypique avec les nuisibles ; elle s’y attache pour échapper à une pesante solitude et par un sentiment de compassion similaire à celui qu’elle éprouve pour son propre père.
Citation
« Katya ne détruit pas. C’est son savoir-faire, sa niche. […] Elle protège les araignées, est gentille avec les pigeons, que d’autres appellent désobligeamment des rats volants. Sa philosophie consiste à respecter toutes les créatures qui essaient de s’en sortir dans la ville : s’esquivant, s’éclipsant, grappillant vite une bouchée par-ci par-là, négociant jour après jour de nouvelles trêves avec les humains au milieu de qui ils vivent. Les survivants, les squatters, les envahisseurs. Des foutus durs à cuire. Ils ont leur place. » (p. 23-24)
Mots-clefs
animaux / nuisibles / Afrique du Sud / glissement de terrain / corruption
Fiche réalisée par Blandine CHARRIER