Petite Forêt
vol.1
Références de l'ouvrage
IGARACHI, Daisuké, Petite Forêt (premier des deux tomes), traduit du japonais par Xavier Hébert et Naomiki Satô, collection Sakka, Casterman, Paris, 2008 pour la traduction française (première publication japonaise en 2004), 169 pages [noir et blanc, sens de lecture original]
L’auteur
Daisuké Igarashi est né en 1969 au nord de Tôkyô et débute sa carrière de dessinateur dans les années 1990 pour le magazine Afternoon. Sa courte série Petite Forêt est issue de l’expérience de l’auteur, qui a vécu sept ans loin de toute grande ville, avec pour ambition de produire lui-même ses moyens de subsistance. Il explique ainsi sa démarche : « J’ai tenté de décrire une autre manière de vivre. Dans une ville, on achète tout, tandis qu’à la campagne, les gens ont un mode de vie autosuffisant, or il est important de savoir d’où provient ce que l’on mange. » (cité dans la présentation liminaire de l’auteur dans le manga en version française).
Résumé
Ce premier tome comporte 16 chapitres qui constituent 16 épisodes autonomes de la vie de l’héroïne, dont chacun des titres fait référence à un plat cuisiné ou à une denrée alimentaire, comme s’il s’agissait d’un livre de recettes. Ce manga repose sur une forme narrative classique, dans laquelle Ichiko, une jeune adolescente qui vit seule à Komori (nom du village qui signifie littéralement « Petite forêt »), raconte son dur quotidien, rythmé par les tâches agricoles, un petit travail intérimaire, l’entretien de la maison et la cuisine. Mais à cette trame narrative se superpose un discours pratique, proche de celui des almanachs parfois, qui combine des recettes de cuisine agrémentées de photos et des observations sur la faune et la végétation environnantes.
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
Dans ce manga, l’enjeu principal est de montrer comment est possible une vie presque en autarcie, qui fait appel à l’environnement immédiat des habitants. Le caractère attachant du personnage principal, Ichiko, contribue à faire de ce récit un éloge de la vie à la campagne, loin des excès de la grande ville.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
Ce manga est la transposition fictive de l’expérience de l’auteur et de ses observations de la population rurale qu’il a rencontrée. Les recettes, les coutumes et les pratiques décrites y sont donc authentiques.
Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Ichiko semble être revenue dans son village natal par dépit, à la suite d’une déception amoureuse. Pourtant, son ardeur à cultiver et faire fructifier son jardin, tout comme sa créativité culinaire, en font un exemple de la paysanne moderne, indépendante et volontaire.
Son alter ego est Yûta, un jeune homme également revenu à Komori après une brève installation en ville, qui lui a causé bien des désillusions. Il explique à Ichiko : « En fait, c’est en quittant le village que j’ai réellement pris conscience que les gens de Komori étaient dignes de respect. Ils vivent dans le réel et parlent de choses vraies. » (p.126) Yûta incarne une humanité en quête d’authenticité, qui s’exprime par un retour aux valeurs paysannes traditionnelles.
Citation
Après une longue séquence où l’on voit Ichiko préparer les prêles, Ichiko et Yûta se trouvent assis côte à côte. Ce dernier goûte le plat de la jeune fille.
p.72 :
case 1 : Gros plan sur le plat de prêles mijotées. Voix d’Ichiko hors champ : « Aaah, c’est un vrai plat de luxe ! / Ce n’est pas tous les jours qu’on peut en manger ! Allez, goûte…/ …mes pousses de prêle mijotées ! »
case 2 : Ichiko au centre, le visage fermé, yeux fermés, les bras encerclant ses genoux : « Quelle mauvaise herbe ! / Après, la prêle grandit. Impossible de s’en débarrasser. / Ses racines sont si fines qu’on ne peut pas toutes les arracher. » À gauche, plan serré de Yûta dont on aperçoit seulement les baguettes portées à sa bouche : « Arrête de râler ! Réfléchis un peu. »
case 3 : Plan d’ensemble de la maison entourée de forêt. Voix de Yûta : « Ce sont les hommes qui ont créé l’environnement propice aux prêles. / Avant qu’on défriche la forêt… »
case 4 : Plan moyen de Yûta qui regarde devant lui tandis qu’Ichiko le regarde : « …Pendant l’ère Jômon… / …quand il n’y avait pas encore de champs… »
page 73 :
case 1 : Fond noir sur lequel se détache une pousse de prêle en gros plan « … Les prêles avaient très peu d’endroits où pousser. / Elles n’étaient pas encore une herbe parasite, c’était une simple plante comestible, sauvage mais rare… »
case 2 : Gros plan des visages des deux personnages. Yûta : « Pour les gens de l’époque, elle était sans doute précieuse… / une plante importante qui annonçait l’arrivée du printemps. »
case 3 : Vue en plongée des deux personnages assis sur un banc en bois, regards tournés vers le ciel. Yûta : « Je ne sais pas comment le dire, mais…
pages 74-75 :
case 1 : Large case qui occupe toute la moitié supérieure de la double page. Une diagonale décentrée sépare l’ombre pentue de la colline à droite et le ciel constellé qui prend les deux tiers de l’image à gauche. Au premier plan se distingue la silhouette de quelques prêles. Voix de Yûta hors champ : « C’était un esprit de la nature… / qui poussait de toutes ses forces pour atteindre les cieux. / Enfin, quelque chose dans le genre, non ? »
Mots-clefs
cuisine / agriculture / vie paysanne / plantes / animaux / Japon
Fiche réalisée par Blandine CHARRIER