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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Alain Hervé - Robinson

    Alain Hervé - Robinson

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    Robinson

    Références de l'ouvrage

    HERVÉ, Alain, Robinson, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, 1985, 237 pages.

    L’auteur

    Issu d'une famille de marins, Alain Hervé (1932 -) est un journaliste et écrivain français dont la carrière est étroitement liée à ses engagements écologiques. Créateur, en 1969, de la branche française de l'association Les Amis de la Terre, il inaugure, trois ans plus tard, la première collection française de livres écologiques aux éditions Fayard. En 1973, journaliste au Nouvel Observateur, il y aborde des questions écologiques dans la rubrique Société, avant de fonder Le Sauvage, premier mensuel dédié à l'écologie politique qu'il dirige pendant neuf ans. Il collabore ensuite à différentes revues (Géo, 1982-1985 ; L'Écologie, 2004-2006, etc.). Il est également l'auteur de récits en lien avec sa passion pour la nature et les voyages (Mort à l'homme, 1976 ; Robinson, 1985) et d'essais engagés (Le Paradis sur Terre, défi écologique, 2010 ; Merci la Terre, nous sommes tous des écologistes, 2012).

    Résumé

    Le roman se présente sous la forme d'un journal, écrit à la première personne et composé d'une vingtaine de sections. Pour Jean-Paul Engélibert, « le texte d'Alain Hervé tient plus de la méditation que du récit » (La postérité de Robinson Crusoé, p. 97). Le narrateur qualifie lui-même son journal de « chronique sans événement, sans personnage » (p. 232). Le Robinson d'Alain Hervé s'inscrit pourtant dans la continuité de Robinson Crusoé de Daniel Defoe et de Vendredi ou les Limbes du Pacifique de Michel Tournier. À la suite de ces deux romans, que l'auteur reconnaît comme des modèles, l'élément fondateur du récit d'Alain Hervé est le naufrage, sur une île déserte et inconnue d'Amérique du sud, de son Robinson, marin de trente ans originaire de Maris et fasciné dès son enfance par l'île de Chause (inspirée de l'archipel de Chausey, cher à l'auteur). Comme dans ces deux œuvres, les événements s'organisent en deux temps, mettant en lumière l'évolution du personnage. Obsédé par la solitude qui le mine, Robinson vit d'abord dans l'attente d'un compagnon. Durant cette première étape de sa vie sur l'île, il oscille entre abattement et exaltation, laisser-aller et activité frénétique. Dans un second temps, Robinson accepte la solitude et découvre la possibilité d'un autre mode de vie sur l'île, en harmonie avec la nature, et source d'épanouissement. L'originalité du roman, par rapport aux récits de Defoe et Tournier, réside dans l'absence de Vendredi et de tout autre compagnon, même si le récit se termine de manière énigmatique par la rencontre de Robinson avec les Indiens.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

        Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Pour justifier le choix du genre de la robinsonnade, Alain Hervé explique avoir voulu questionner la possibilité d'une vie sans autrui. Le thème écologique ne s'impose pas moins comme une préoccupation majeure du roman, conformément aux convictions de l'auteur, qui avoue « avoir fourré dans ce livre beaucoup de choses qui [le] concernent ». Robinson fait partie des « œuvres dans lesquelles l'île est perçue comme un ailleurs – un territoire d'exception, où l'ordre du monde peut être suspendu, où un devenir autre peut être expérimenté » (Engélibert, p. 336). L'évolution du personnage se traduit notamment, dans le roman, par une prise de conscience écologique. Robinson, qui fut un temps marin sur un baleinier, vit à la manière occidentale, durant les premiers temps de son installation sur l'île. Il tire profit de la faune et de la flore, tue, pour se nourrir, chèvres et rapaces, non sans que surgissent parfois des scrupules ou des interrogations sur la légitimité de son geste. La cruauté le gagne parfois, lorsqu'il s'acharne gratuitement sur des tortues. Or, le chasseur de baleines se découvre progressivement une sensibilité pour la nature, et c'est une nouvelle vie, en harmonie avec celle-ci, qui se met en place dans la dernière partie du roman. C'est dans cette fusion avec la nature, qui prend la forme de la contemplation et de la méditation, que « cet exil révèle sa signification » (p. 233).

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Conformément à la tradition de la robinsonnade, les événements liés à l'écologie sont réels et liés à la nature insulaire : catastrophes naturelles (cyclones, tremblements de terre, etc.), prise en considération de la faune (conversion du chasseur de baleines en un admirateur de ce mammifère, etc.) et de la flore (nombreuses méditations poétiques sur l'arbre et plus généralement sur les liens entre l'humain et le végétal). Néanmoins l’île sur laquelle échoue le naufragé est inventée, bien qu’elle soit inspirée de lieux réels.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Sans être une figure typique en lien avec l'écologie, Robinson, qui passe de l'action à la contemplation, est le reflet d'une lecture de plus en plus fréquente, ces dernières décennies, de la figure mythique de Robinson Crusoé, sous l'angle des préoccupations environnementales. Le récit d'Alain Hervé, toutefois, tire assez peu profit de la mention faite de l'ancienne activité de chasseur de baleines du personnage.

    Citations

    « Je dépose des fleurs et je brûle des feuilles odorantes au pied d'un arbre. Je n'honore aucun particulier, j'honore tout particulier. Je salue ma planète-île au lever du jour, ses arbres, ses sources, ses montagnes, ses ravins, ses rochers, ses caves. Partout où les hommes ont toujours exprimé leur crainte, leur respect, leur reconnaissance, leur inquiétude avec des offrandes de nourriture, de fleurs et de parfums.
    J'entre en adoration. » (p. 226)

    « Je me donne l'illusion de panser la forêt là où le cyclone l'a maltraitée.
    Je continue de planter des graines par souci jardinier et pour tromper mon attente. J'ai observé le calme des jardiniers. La nature n'a nul besoin de leur intervention. Elle se jardine très bien elle-même. Les jardiniers le savent. Ce ne sont pas eux qui poussent les arbres, ni le moindre brin d'herbe. Ils accompagnent de leurs vœux ce qui est condamné à réussir.
    Je plante une postérité d'arbres. » (p. 234)

    Mots-clefs

    île / contemplation / cyclone / tremblement de terre / baleine / tortue / arbre / catastrophe naturelle / animaux

     

     

     

    Fiche réalisée par Mathilde BATAILLÉ

    Catégorie générique

    Roman