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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Sylvain Tesson - Dans les forêts de Sibérie

    Sylvain Tesson - Dans les forêts de Sibérie

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    Dans les forêts de Sibérie

    Références de l'ouvrage

    TESSON, Sylvain, Dans les forêts de Sibérie,
    coll. NRF, Gallimard, Paris, 2011
    270 pages

    L’auteur

    Sylvain Tesson, né en 1972, est un reporter, écrivain et voyageur français. Issu du milieu journalistique et formé comme géographe, il ressuscite la tradition de voyages aventureux assortis de récits grand public : tour du monde à vélo (On a roulé sur la Terre, 1996), de l’Himalaya à pied (La marche dans le ciel, 1998) ou de l’Asie centrale à cheval (La chevauchée des steppes, 2001). L’œuvre qui le fait connaître est pourtant ce récit de cabane plus tardif et statique, Prix Médicis de l’Essai 2011.

    Résumé

    Le « journal d’ermitage » retrace, au fil d’entrées datées à la façon d’un journal, une retraite de six mois d’un long printemps dans une cabane sur la rive ouest du lac Baïkal, non loin d’une réserve naturelle. Entre deux visites d’amis ou d’inconnus, le temps est employé à marcher, s’occuper des deux chiens et couper du bois, mais surtout à boire de la vodka et passer le temps. Ce récit de lecteur présente et commente son programme, une liste où l’on trouve notamment de nombreuses œuvres du Nature Writing avec lesquelles il entretient un rapport d’imitation évident même s’il prétend s’en distinguer, au point qu’il laisse l’impression d’adapter un protocole d’écriture aux lettres françaises. Un film amateur (Six mois de cabane au lac Baïkal, coréalisé avec Florence Tran) fait écho au livre.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Ils sont centraux mais très partiels. Plutôt que d’un intérêt profond pour l’écologie comme connaissance scientifique du vivant (peu ou pas de descriptions de la nature), il s’agit d’un sentiment esthétique du désert sauvage, d’une littérature d’évasion étanchant une soif d’absolu, selon un paradigme néo-romantique et exotique du Grand Nord. Le solitaire en quête de wilderness gagne l’un des derniers déserts hostiles pour jouer à l’ermite du XXIe siècle et livrer diverses considérations esthétiques ou politiques (en l’occurrence un néo-malthusianisme urbaphobe assez ambivalent pour un auteur citadin).

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    À l’image de belles méditations sur l’animal – comment devenir poisson à force d’en manger –, l’essai honore la tradition imaginative du genre. L’idée même de la cabane loin du monde constitue bien en revanche une forme de fuite du réel. Ce livre très nordique illustre, parmi bien d’autres, l’« environnementalisme des riches » – par opposition à une « écologie des pauvres » pensée depuis le Sud (Cf. R. Guha et J. M. Alier, in Écologie politique. Cosmos, communautés, milieux, É. Hache dir., Éditions Amsterdam, 2012). Si d’un côté on peut douter que cette fermeture de l’individu des pays industrialisés sur lui-même, son repli oublieux d’un sud qui le fait pourtant vivre, soit encore une position tenable après la Révolution Industrielle et la colonisation, il faut reconnaître les vertus du « pas de côté » revendiqué par Tesson : il n’a jamais sans doute été aussi nécessaire de commencer par sortir radicalement de l’insoutenable système économique et matériel (soi-disant seule réalité possible) pour en prendre la mesure et tenter autre chose.

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Le seul personnage est ici le narrateur autobiographique à la première personne, version post-moderne de l’ermite, du « rebelle » (cf. Ernst Jünger, Traité du rebelle, le recours aux forêts), c’est-à-dire de l’anarchiste individualiste, l’ascétisme en moins. Une certaine auto-dérision tempère parfois la grandiloquence du ton. Dénuée de visée anthropologique, l’introspection et le narcissisme lacustre se perdent en phrases lapidaires (« tessons »), certes rarement aussi sentencieuses et superficielles que dans le Petit traité sur l’immensité du monde (2005).

    Citation

    « Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »(4e de couverture)

    Mots-clefs

    cabane, forêt, individu, solitude, voyage

     

    Fiche réalisée par Bertrand GUEST                                   

     

    Catégorie générique

    Essai autobiographique, journal