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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Stéphanie Chaillou - L'homme incertain

    Stéphanie Chaillou - L'homme incertain

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    L'homme incertain

    Références de l'ouvrage

    CHAILLOU, Stéphanie
    L’Homme incertain
    , Alma éditeur, Paris, 2014, 162 pages.

    L’auteur

    Stéphanie Chaillou est poète et a déjà publié trois recueils de poésie aux éditions Isabelle Sauvage. L’Homme incertain est son premier roman. Dans l’ « Autoportrait » qu’elle livre en fin d’ouvrage (p. 163-164), l’auteure dit « aime[r] en écrivant restituer des "paroles" : pensées, pleurs, plaintes, refus. » Son texte sera porté à la scène en 2016.

    Résumé

    Ce  texte est le monologue d’un ancien agriculteur, né dans les années 1940, qui se retourne sur son passé douloureux, marqué par la tragédie qui a brisé sa vie : la faillite de sa ferme, qu’il a dû vendre. Le narrateur se présente comme une victime de la Politique agricole commune (PAC) menée dans les années 70, bien qu’il avoue ne pas vraiment comprendre comment il a pu en arriver là.

    Une autre parole intervient en contrepoint du récit  principal, inscrite dans une autre typographie, à la fin de chacun des courts chapitres. Il s’agit de quelques phrases rapportant les souvenirs des enfants de cet agriculteur, candides et pleines de vitalité.

    Le roman est fondé sur la répétition, tant par sa forme, puisqu’il se constitue d’une série de courtes sections achevées par une clausule, la parole des enfants, que par son contenu, déployant plusieurs motifs, principalement la mort, la solitude et l’argent. Le narrateur ressasse son échec et se trouve devant la nécessité de verbaliser ce traumatisme face aux insistantes questions de ses enfants, alors même qu’il avait gardé le silence tout au long de sa vie, à cause de sa propre honte, mais aussi de la pression sociale.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    La question environnementale n’est pas du tout traitée comme un élément central. La condition paysanne que le narrateur a choisie est liée au milieu dans lequel il a grandi. La ferme s’est imposée à lui comme une évidence, car il était le fils aîné d’un paysan. Quant à l’activité agricole, elle n’est jamais décrite en tant que telle.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Les événements évoqués, en l’occurrence les effets pervers de la PAC (sans que le roman ne mentionne concrètement ces effets pervers que sont l’usage des pesticides, des engrais, l’endettement par l’achat de machines-outils, l’extinction de la biodiversité, l’appauvrissement des cultures, la démoralisation des paysans, la technicisation du métier, le monopole et double discours de la FNSEA…) dans les années 1970 en France, correspondent à un phénomène social réellement observé. À plusieurs reprises, ce texte fait allusion à la tentation du meurtre ou du suicide, des situations que l’on retrouve dans les faits divers de cette époque. Pourtant, ce récit ne se fonde pas sur un fait réel particulier, il ne mentionne d’ailleurs ni date, ni lieu précis (sans doute parce que c’est représentatif de beaucoup d’endroits).

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Non, et c’est précisément un des enjeux du texte : l’agriculteur n’est pas représenté dans son emploi habituel, dans sa posture et son cadre de travail. Ce personnage vit hors-sol en quelque sorte, et paradoxalement la déchéance de sa dignité de paysan devient le moyen d’exprimer le plus viscéralement son identité d’homme et de paysan. La crise traversée par ce personnage casse le stéréotype et recompose une image plus intime du paysan.

    Citation

    « Comment ai-je pu croire qu’il suffisait de simplement vouloir les choses pour les obtenir ? Comment n’ai-je pas vu l’époque dans laquelle je me trouvais ? C’était la fin des paysans. La Politique agricole commune. La mort des paysans. Je le savais, c’était écrit dans les journaux. Je les lisais. Mais je n’y ai pas cru, ou pas vraiment. C’était trop abstrait, trop lointain. Comme un savoir qui ne venait pas jusqu’à moi. Pas cette histoire, où moi je me trouvais. Pas au cœur de la vie, où moi je me tenais. Les chiffres, les rapports, les statistiques. Je les lisais, je les connaissais. Mais je ne voyais pas qu’il y avait des hommes et des vies aussi. Des hommes avec des rêves et des familles. Des hommes entiers qui étaient finis et dont je faisais, sans le savoir, déjà partie. » (p.19-20)

    Mots-clefs

    agriculture / ferme / PAC / paysan / France / crise

     

    Fiche réalisée par Blandine CHARRIER                                      

    Catégorie générique

    Roman