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    Shin Morimura - Ma vie dans les bois

    Shin Morimura - Ma vie dans les bois

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    Ma vie dans les bois

    Références de l'ouvrage

    MORIMURA Shin (scénario), MORIMURA Shin (dessins), Nathalie Bougon (adaptation), Ma vie dans les bois, traduit du japonais par Tetsuya Yano, éditions Akata, Rancon, 2015.

    Série en cours de parution en cinq volumes au Japon. Série initiée en 2015.

    L’auteur

    MORIMURA Shin ( 守村大 ) né le 6 décembre 1958 / Ôdate (Akita) est un scénariste, dessinateur japonais. Il a signé de nombreuses œuvres pour le magazine Morning, telles que Manzai Highway, Aishiteiru (« Je t'aime ») ou même Kangaeru Inu (« Le chien qui pense »). Il réside actuellement à Shirakawa, dans la préfecture de Fukushima où, tout en vivant en autonomie dans la montagne, il dessine Ma vie dans les bois.

    Résumé

    Shin Morimura est un mangaka qui approche de la cinquantaine. Alors qu’il vient de terminer sa dernière série, son éditeur lui demander de trouver une nouvelle idée, encore plus originale pour son prochain titre. D’abord en manque d’inspiration, le dessinateur va finalement avoir une idée. Mû par un double désir de quitter la vie citadine et de se renouveler  personnellement et professionnellement, Shin va prendre la décision de partir vivre dans la montagne, sans eau courante ni électricité, et raconter son nouveau quotidien en manga ! Sa femme, Miki,  le suivra volontiers, malgré quelques réticences. Elle se fera la voix de la raison capitaliste [b1] en tempérant parfois les désirs fous de son mari et en le ramenant à la raison. De la construction de leur maison passive en bois jusqu’au difficile apprentissage de l’autonomie alimentaire, les pages de ce manga au titre écolo se veulent donc autobiographiques : un homme qui se réinvente en expérimentant la vie sauvage en autarcie, vivant isolé de toute civilisation, après trente ans de carrière dans le monde de l'édition, dans le but de créer une toute nouvelle œuvre.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    L'écologie y est abordée davantage dans le rapport homme/nature. Œuvre ayant un certain caractère engagé, le titre, Ma vie dans les bois[b2] , suggère un retour aux sources, à l'autonomie et au respect de l'environnement. Ce manga est aussi un guide pratique à l'éco-conctruction, à la culture potagère en donnant des conseils au lecteur. Il est aussi un hommage à l’ouvrage fondateur de H. D. Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, qui décrit l’expérience de l’auteur parti vivre seul dans une cabane en pleine forêt.

    Au-delà du témoignage personnel de l'auteur et de sa désertion citadine, ce manga est une ode au dépassement de soi et à la meilleure connaissance de la nature. Shin va notamment découvrir de nouvelles plantes : la grande plantain qui pousse après le défrichage d'une partie de sa forêt, le céleri d'eau qui croît en touffes, l'aralia cordata, le laportea cuspidata, le lys plantain, l'oignon sauvage... ; de nouvelles habitudes alimentaires : les pousses comestibles de taranome (angélique du Japon), les brochettes de bambou, la fougère allemande blanchie et sautée, la fécule de dents-de-chien, les tiges de kalopanax à sept lobes ; mais encore une faune nouvelle qui lui était jusqu'à présent inconnue : la libellule japonaise anotogaster sieboldii, les scarabées rhinocéros japonais, le pic awokéra.

    Le manga aborde donc plusieurs facettes de la vie de l’auteur qui exprime son souci de repartir à zéro, sa quête d'autonomie, sa joie de retrouver les choses simples, la satisfaction de l'effort accompli, la fierté de voir son corps se transformer et de prendre en muscles. Il évoque également ses baisses de moral face à la difficulté de l'entreprise à accomplir (les blessures physiques liées au travail du bois, le découragement face à l'ampleur de la tâche), les soucis financiers (qui amènera Shin à vendre ses motos pour achever la construction de sa maison).

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Réels. L'intrigue de l'histoire se déroule dans une forêt de cèdres et de cyprès à Tôhoku, dans la banlieue de Shirakawa et Fukushima. La forêt dont Shin a fait l'acquisition devait être transformée en terrain de golf après l'ouverture du Shinkansen (train à grande vitesse) mais ce projet a été abandonné après que la bulle économique a éclaté. La forêt classée en site naturel fut donc abandonnée et Shin a pu donc en devenir propriétaire. L'auteur mentionnera notamment la catastrophe écologique qu'est Fukushima dans le quatrième tome de la série.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Dans ce manga Shin Morimura incarne toute une génération de personnes qui se sentent épuisées par la vie moderne et le tourbillon que représentent les nouvelles technologies et le numérique. Shin Morimura parle de thèmes très actuels comme le burn-out lié au travail, la pression sociétale[b3] , le consumérisme à outrance, l'accumulation inutile d'objets non-nécessaires à une vie épanouie. Face à ses constatations, Shin décide, plus que de se mettre au vert, de vivre hors de la société et de devenir autonome autant sur le plan énergétique qu'alimentaire.

    En contrepoint, la femme de Shin, se fait « l'avocate du diable » en rappelant qu'il est difficile de vivre totalement en autarcie et que l'argent est nécessaire, ne serait-ce que pour s'habiller, payer les taxes foncières, d'habitation, payer les différents outils et leur entretien nécessaires à la construction de leur maison, etc. Shin prend conscience [b4] qu'il ne peut être indépendant de la société moderne et qu'il est tributaire des évolutions technologiques. Il délaissera par exemple sa faucille au profit d'une débroussailleuse (pour retirer les bambous envahissants), son sen (écorçoir traditionnel) au profit d'un rabot électrique (pour écorcer les troncs qui feront les murs de sa maison) ou encore la hache au profit d'une pelle hydraulique pour déraciner les souches d'arbres qui empêchent d'aplanir le terrain où il souhaite construire son habitation.

    Cela amènera donc Miki à prendre un travail à mi-temps dans un supermarché et Shin à accepter une proposition de son éditeur pour raconter, en manga, sa vie dans les bois.

    Citations

    Il s'agit d'une longue case dessinée rectangulaire occupant la page 11, 1/3 de la page sur sa hauteur et s'étalant sur toute la largeur de la page. On y voit le protagoniste principal Shin parler à sa femme et son chien (la citation est une bulle de dialogue). En arrière-plan se trouvent les grattes ciel modernes de la ville de Tokyo, symboles du matérialisme qu'il critique tant.

    « On nous fait croire qu'une existence sans argent ni biens matériels comme avant la société de consommation, n'est que misère et tristesse […] Le bonheur n'est pas question de possession […] J'ai réalisé que je m'y perdais à vivre ainsi, ligoté, et dépendant de l'argent. Ne sommes-nous pas tous épuisés, à force de bosser jusqu'au ras-le-bol ? A t-on vraiment besoin de toutes ces choses, pour être heureux » (p. 10-11)

    Mots-clefs

    agriculture / écoconstruction / savoir-faire / formation / autonomie / alimentation / forêt / animaux

     

    Fiche réalisée par Tony GOUPIL                                

    Catégorie générique

    Manga - récit autobiographique