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    Ron Rash, Le Chant de la Tamassee

    Ron Rash, Le Chant de la Tamassee

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    Le Chant de la Tamassee

    Références de l'ouvrage

    RASH, Ron, Le chant de la Tamassee, traduit de l'anglais (USA) par Isabelle Reinharez (Saints at the River, 2004), Paris, Seuil, 2016, 233 pages.

    L’auteur

    Ron Rash est né en Caroline du Sud en 1953. Docteur en littérature anglaise, il est romancier, nouvelliste et poète. Il vit dans le Sud des Appalaches, région dont il a fait le cadre de ses récits. Le chant de la Tamasse est son deuxième roman, traduit en français douze ans après sa parution.

    Résumé

    La narratrice est une jeune photographe de presse, Maggie Glenn, qui revient dans le comté d'Oconee où elle a grandi, à la suite d'un fait divers tragique : une enfant, Ruth Kowalsky, s'est noyée dans la Tamassee, la rivière sauvage qui sépare Caroline du Sud et Géorgie. Le roman met en scène avec subtilité le dilemme auquel se trouvent confrontés tous les membres de cette petite communauté du Sud rural : la rivière n'a pas rendu le corps de l'enfant et ses parents, des touristes du Minnesota, demandent qu'on détourne provisoirement son cours pour permettre les recherches. Or la rivière est protégée par le Wild and Scenic Rivers Act et il est donc interdit de perturber son cours naturel. Tous ceux qui vivent autour et de la rivière sont concernés et leurs positions, divergentes selon qu'il s'agit de militants écologistes, d'exploitants agricoles ou forestiers, d'entrepreneurs, vont s'affronter, sous le regard des medias. Dans le même temps, Maggie revit les douleurs de sa propre enfance, marquée par la mort de sa mère et par un accident domestique qui a laissé son frère défiguré. Le lecteur suit aussi son itinéraire intime, qui la conduit à renouer avec son père mourant. Les thèmes de la culpabilité et du pardon se croisent ainsi avec ceux qui relèvent de la protection de l'environnement.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    L'écologie est centrale dans ce roman dont on peut considérer la rivière Tamassee comme le personnage principal. Si le point de départ de l'intrigue est la mort de Ruth Kowalsky, le récit s'organise autour de la question morale et existentielle posée par la disparition de son corps dans la rivière. Faut-il faire prévaloir la douleur de ses parents et leur désir de l'inhumer ou la protection d'un des derniers espaces sauvages des Etats-Unis ? Ron Rash ne tombe jamais dans le manichéisme, en particulier grâce à la prise en charge du récit par Maggie, qui, elle-même, oscille entre l'empathie pour la famille Kowalsky et une compréhension fine et profonde des enjeux environnementaux, politiques, sociaux liés à la Tamassee. Les thèmes écologiques qui structurent le récit sont ainsi dépassés par la mise en scène magistrale d'un conflit moral et humain.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    La noyade de Ruth est une transposition de celle d'une adolescente en 1999 dans la Chattooga, première rivière de l'Est des Etats-Unis protégée par le Wild and Scenic Rivers Act. Si le comté d'Oconee et la ville de Tamassee existent effectivement en Caroline du Sud, Rash invente la rivière auquel il donne ce nom.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Luke Miller, défenseur de la rivière, constitue une figure archétypale de militant écologiste radical. Rash souligne la cohérence de ses convictions et ce qui relève d'un lien mystique avec la Tamassee (ainsi, Miller a failli se noyer au même endroit que Ruth et considère qu'il ne saurait y avoir plus belle sépulture). Plusieurs autres personnages (les exploitants forestiers interdits de coupe, l'entrepreneur soucieux d'exploiter au mieux l'intérêt touristique de la rivière) incarnent des opposants à la logique environnementale.

    Citations

    « Je n'ai pas de fille, a-t-il dit, d'une voix qui n'était plus belliqueuse mais presque tendre. Pourtant, si j'en avais une, qu'elle était morte et que je savais que rien ne lui rendrait la vie, je ne vois pas de meilleur endroit que la Tamassee où je voudrais que son corps repose. Je voudrais qu'elle soit là où elle ferait partie de quelque chose de pur, de bon, d'immuable, ce qui nous reste de plus proche du paradis. Dites-moi où, sur cette planète, il y a un endroit plus beau et plus serein. Indiquez-moi un lieu plus sacré, monsieur Brennon, parce que je n'en connais pas. » (Luke Miller, p. 59)

    « Je suis partie une vingtaine de mètres plus loin au bas de la chute, où j'ai trouvé un gros bout de bois flotté que la rivière avait rejeté sur la berge. Je me suis assise et j'ai fermé les yeux. La qualité de l'air était maintenant aussi mauvaise dans les montagnes que partout ailleurs en Caroline, soutenaient les scientifiques, et pour en avoir la preuve votre regard n'avait qu'à s'élever vers les plus hautes cimes et voir les épicéas et les sapins aux aiguilles brunes. La même pluie acide qui faisait mourir les cèdres tombait dans la Tamassee, pourtant, au moment où je m'emplissais les poumons, il était difficile de croire qu'il puisse exister au monde un lieu plus pur. » (p. 87)

    « [...] le corps de la fillette appartient maintenant à la Tamassee, […] à l'instant même où elle s'est avancée dans les hauts-fonds elle a accepté la rivière selon ses conditions. C'est ça, la nature sauvage – la nature selon ses conditions, pas les nôtres, et il n'y a pas d'entre-deux » (Luke Miller, p. 110)

    Mots-clefs

    protection de l'environnement / responsabilité humaine / eau / vie sauvage

     

    Fiche réalisée par Anne-Rachel HERMETET                                      

    Catégorie générique

    Roman