Références de l'ouvrage

BERGOUNIOUX, Pierre, Géologies, coll. Incises, Paris, éditions Galilée, 2013, 47 pages.

L’auteur

Pierre Bergounioux est né à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, en 1949. Il quitte sa région natale pour Paris lorsqu’il entreprend ses études supérieures pour devenir professeur de lettres. Erudit passionné par la connaissance livresque, il écrit et s’adonne également à la sculpture.

Il est l’auteur prolifique de plus d’une soixantaine d’ouvrages, d’essence autobiographique pour la plupart, dont la somme de trois volumes de plus de mille pages chacun intitulés Carnets de notes. L’enfance, le temps et le retour à la terre natale sont des thèmes récurrents de son œuvre, et se retrouvent dans le bref récit Géologies.

Résumé

Le narrateur, un homme d’âge mûr, raconte comment, dans son enfance, il a vainement cherché un enseignement scolaire ou livresque capable de lui parler de l’expérience du monde concret dans lequel il vivait. La géologie, une discipline qui l’enchantait, telle qu’elle était enseignée, n’évoquait pas le sol réel qu’il foulait, et la littérature qu’il dévorait le transportait dans un monde totalement étranger au sien.

Une quarantaine d’années plus tard, l’adulte retourne sur le territoire de son enfance pour lire en quelque sorte sa terre natale, la comprendre, et tisser le lien lacunaire entre l’érudition et le lieu tel qu’il est réellement.

Ce récit poétique et nostalgique est un éloge au terroir, à l’empreinte vivante d’un lieu dans la mémoire humaine. En écrivant un tel livre, l’auteur appelle la littérature à se rendre sensible au monde, à un environnement singulier, et à célébrer un espace mal jugé en raison d’une nature difficile, « ces terres ingrates ».

La présence de la question environnementale dans le texte :

Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

La préoccupation écologique n’est pas affirmée comme telle dans ce récit, dans la mesure où il s’agit avant tout d’exprimer les souvenirs personnels, les sentiments du narrateur qui sont fortement ancrés dans la terre natale. Mais le rapport très fort entre le narrateur et la connaissance du lieu qu’il habite souligne l’importance de l’environnement dans la construction individuelle de l’homme, qui a besoin, pour exister, de se situer au sens le plus littéral.

Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

Il n’y a pas à proprement parler d’événement lié à l’écologie dans ce récit.

Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

Non.

Citations

« Une deuxième raison, toute matérielle, m’a conduit là. D’importants travaux de terrassement avaient entamé le sol. Je verrais mieux quel il était, sa secrète nature, dont on recueillait l’effet bienfaisant, en surface. J’ai vu. Des blocs équarris de roche claire et tendre avaient été extraits puis empilés pour soutenir des esplanades, des chaussées. Certaines contenaient des rostres de bélemnites, qui signaient leur origine sédimentaire, secondaire. Une sorte de clarté émanait du sol, qui portait la végétation courte, clairsemée des terres sèches. Dans des dolines, un peu plus loin, poussaient du maïs et de la vigne, des arbres fruitiers. » (p. 30)

« On ne s’était pas soucié d’interroger précisément le sol de l’existence, de demander leur origine, leur nature à ses composantes premières, foncières. On n’en parlait pas. Et pourtant, elles régentaient, en sous-main, les allées et venues, les sorties dominicales, le temps des vacances. J’ai constaté, trop tard, comme toujours, que mon père, qui trouvait plaisantes mes expéditions, réglait sans y songer sa conduite sur les partages géologiques de la contrée. » (p. 31)

Mots-clefs

campagne / géologie / souvenirs / enseignement / France

Fiche réalisée par Blandine CHARRIER