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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Michel Ossorguine - Saisons

    Michel Ossorguine - Saisons

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    Saisons

    Références de l'ouvrage

    OSSORGUINE, Michel, Saisons, traduit du russe par Any Barda et Sylvie Tecoutoff
    L’Âge d’Homme, Paris, 1953, 200 pages.

    L’auteur

    Né à Perm en 1878, Ossorguine (de son vrai nom Mikhaïl Andreïevitch Iline) est poursuivi par le régime tsariste pour ses convictions libertaires et contraint à la prison puis à l’exil. Retourné en Russie pour la guerre en 1916 et révolutionnaire enthousiaste de 1917, il est à nouveau enfermé dès 1919 puis expulsé d’URSS. Installé à Paris en 1922, il gagne la « France libre » en 1942 peu avant de mourir à Chabris sur les rives du Cher. Le récit Saisons a été publié à titre posthume.

    Résumé

    Ce récit de vie autobiographique, collection d’anecdotes, se déploie autour des trois saisons de l’existence (enfance, adolescence et une « jeunesse » qui englobe l’âge mûr). La chronologie est assouplie par les cycles de l’eau car tout – narrateur y compris – se déverse dans le fleuve Kama pour y revenir sous forme de nuage plus tard. L’enfant veut être garde forestier mais devient écrivain, lui dont le seul maître a été « la nature russe ». Au village de Zagarié, dans cette taïga qui reçoit l’influence libre de la Sibérie de l’autre côté de l’Oural, il cueille champignons et fraises sauvages, chante à la lueur du feu de camp, court de cabanes en écoles buissonnières. Lecteur de Tolstoï, il naît à la critique des institutions, de la guerre, de la presse, des juges et de l’école, où le langage appris n’a jamais la vérité des petites choses vécues. Il raconte ensuite la prison, les exils successifs et la persécution, fait le portrait de tous ceux qui restent en Russie alors que les difficultés s’accumulent, bravant la faim, souffrant du régime soviétique sans pourtant (toujours) renier la révolution trahie. Face à l’horreur totalitaire, Ossorguine et ses amis intellectuels cultivent l’idéal révolutionnaire : une profonde volonté de progrès social et une aspiration à la liberté. Ils vivent le remplacement d’un pouvoir lâche et inculte par un autre : les forêts sont abattues, les pianos confisqués. Ils collectent désespérément des bibliothèques populaires que dispersent les brutes de tous bords, en Russie puis en Europe occidentale, plus tard, quand les nazis contraignent Ossorguine à fuir Paris en abandonnant le peu de choses qui lui restaient.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Le rapport entre homme et nature est le cœur du récit, qui exalte le principe vital sous toutes ses formes : « Le but de la vie, c’est la vie elle-même ». Les modalités principales en sont le regret et la déploration. On a donc là une forme d’élégie pastorale mais où la nostalgie n’emporte pas tout sur son passage. La forêt, c’est la culture : partout où elle pousse renaît l’espoir. Parce qu’il s’attache à ceux qui restent fidèles à l’idéal du progrès en dépit de ce qui usurpe son nom (le régime dit communiste), ce livre évite tout conservatisme résigné, et ce qui entretient l’espoir est la relation d’amitié avec la nature, l’acceptation du cycle des saisons.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    L’écologie relève ici du mode de vie, celui d’un passé réel et regretté mais aussi d’un présent et même d’un avenir qu’il semble toujours possible de reconstruire, même après avoir été spolié et chassé dans un pays lointain. Il y a là un mélange caractéristique entre réel et imaginaire, le livre s’attachant à reconstruire les lieux d’un passé effacé. L’imagination part bien dans ce cas du réel, elle est une « imagination environnementale » puisqu’elle rêve aux multiples possibilités de vivre heureux et libre dans le milieu naturel du fleuve et de la forêt, en Russie comme ailleurs.

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Le personnage collectif du peuple russe apparaît inspiré par le vieux polythéisme païen des contes et des campagnes, insoumis à l’unité fictive et urbaine moderne de « la Russie », qu’elle soit orthodoxe, tsariste ou léniniste. Dans ces villages, l’homme ne coupe pas l’herbe qui repousse et se fond dans la nature à sa mort, sans tombe ni cimetière. Il vit aux champs mais trouve le temps de lire et de s’intéresser au monde entier depuis ses lointaines contrées, « sans [se] considérer jamais ni comme le maître ni comme l’esclave de la nature, à laquelle [le] lie, depuis des siècles, un pacte d’amitié ». Le poète panthéiste et chamanique qui raconte ce peuple, quant à lui, en est à la fois un membre et une forme de prophète romantique.

    Citations

    « J’ai été et je demeure tout entier – que je considère mon cerveau, mon cœur, ma plume, ma logique, mon panthéisme primitif, mon besoin éperdu et constant d’eau et d’odeur de résine, ou mon refus de la machine – le fils de l’eau et de l’arbre. » (p. 9)

    « Le plus grand malheur de la Russie a sans doute été d’être toujours gouvernée, alors qu’elle se serait beaucoup mieux gouvernée toute seule – comme coule le fleuve, comme pousse l’herbe dans les prés inondables, comme brille le soleil qui se passe fort bien des centrales électriques. » (p. 137)

    Mots-clefs

    forêt / ruralité / campagne / eau / Russie

     

    Fiche réalisée par Bertrand GUEST    

    Catégorie générique

    Récit autobiographique