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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Marguerite Yourcenar - Un homme obscur

    Marguerite Yourcenar - Un homme obscur

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    Un homme obscur

    Références de l'ouvrage

    YOURCENAR, Marguerite, Un homme obscur, Paris, Gallimard, Folio, 1982 [1ere éd. 1981], 175 pages.

    L’auteur

    Marguerite Yourcenar est née en 1903 à Bruxelles et morte en 1987 dans l’État du Maine aux États-Unis, où elle s'installe en 1936. Auteur (poète, romancière, essayiste) de langue française, elle a été naturalisée américaine en 1947 et fut la première femme élue à l'Académie française en 1980, où elle remplace Roger Caillois. Marguerite Yourcenar est notamment l'auteur d'essais (En pèlerin et en étranger, 1989), de romans historiques (Mémoires d'Hadrien, 1951 ; L’Œuvre au noir, 1968), imprégnés de mythologie et d'une culture classique, et d'une trilogie à résonances autobiographiques, Le Labyrinthe du monde (Souvenirs pieux, 1974 ; Archives du Nord, 1977 ; Quoi ? L’Éternité, 1988). Les écrits de Marguerite Yourcenar témoignent de ses préoccupations environnementales et font d'elle « la première écologiste de France » (Jean-Marie Gehu). L'auteur a expliqué avoir développé une sensibilité à la nature dès son enfance, passée dans la propriété familiale de Mont-Noir, et avoir été bouleversée plus tard par la découverte des grands espaces américains : « C'est ici [aux États-Unis] que j'ai commencé à m'intéresser de plus en plus au milieu naturel, aux arbres, aux animaux. » (Les Yeux ouverts). Cette sensibilité, probablement nourrie par la lecture d'auteurs engagés (Henry David Thoreau), s'accompagne d'un engagement écologique. Marguerite Yourcenar, en effet, faisait partie d'une quarantaine de sociétés en lien avec l'écologie et a signé diverses pétitions relatives à la protection de sites ou à la défense des animaux.

    Résumé

    Jouant avec les codes du roman picaresque, Un homme obscur relate, à travers sept épisodes, l'itinéraire de Nathanaël – né dans une petite communauté hollandaise dans l'Angleterre du XVIIe siècle – de sa naissance jusqu'à sa mort. Placé en apprentissage chez un maître d'école, en raison d'une physionomie chétive, à l'âge où ses frères découvrent le métier de charpentier, Nathanaël quitte l'Angleterre à quinze ans, à la suite d'une rixe, en se cachant à bord d'un bateau. Son périple le conduit alors aux Caraïbes et en Amérique du nord, avant de le mener en Hollande. À Amsterdam, le jeune homme intègre l'imprimerie de son oncle Élie et fait la connaissance de Saraï, une prostituée, qu'il épouse lorsqu'il apprend que la jeune femme est enceinte. Père d'un fils, Lazare, qu'il ne voit jamais et délaissé par Saraï, Nathanaël, malade, est recueilli par Monsieur Van Herzog, qui l'emploie à son service comme valet. De plus en plus affaibli, Nathanaël rejoint, à vingt-sept ans, une île frisonne, appartenant en partie à son maître, qu'il doit entretenir en vue d'une chasse annuelle et protéger des visiteurs extérieurs. C'est dans cette nature insulaire que Nathanaël meurt seul, à moins de trente ans, recroquevillé aux pieds d'arbousiers.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Les thèmes écologiques restent secondaires dans le roman, même si certains critiques, à la suite de commentaires de Marguerite Yourcenar, voient dans Un homme obscur le « testament écologique » (Walter Wagner) de l'auteur. La dimension écologique du récit perce à différents endroits, à travers l'évocation du rapport de Nathanaël à la faune et à la flore, mais s'impose surtout dans la dernière partie, consacrée à la vie du personnage sur une île frisonne. Les expériences insulaires de Nathanaël, sur l'île frisonne mais également sur l'Île Perdue, sont propices à l'expression d'un « souci prononcé pour le monde naturel » (Walter Wagner).

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Dans ce roman réaliste, dont l'intrigue s'inscrit essentiellement dans la Hollande du XVIIe siècle, les événements liés à l'écologie sont réels et prennent la forme d'une sensibilité du personnage principal à la faune et à la flore et du discours qu'il tient sur la nature.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Nathanaël ne peut être assimilé à une figure typique en lien avec l'écologie. Plusieurs critiques ont relevé le peu d'envergure du personnage, qui se distingue en cela de la tradition du héros yourcenarien. Si Nathanaël ne brille ni par ses actions ni par la réussite de sa vie sentimentale, il témoigne cependant d'une vraie sensibilité à la nature et d'une grande empathie à l'égard des animaux. Le discours qu'il tient sur les animaux, dans la dernière partie du roman, est d'une grande modernité : Nathanaël condamne toute violence à l'égard des animaux et remet en question « le dualisme culture-nature » (Walter Wagner) et la hiérarchie des règnes, dans une pensée teintée, selon certains critiques, d'une spiritualité bouddhiste. Pour Marthe Peyroux, « de tous les personnages yourcenariens, c'est le meilleur lecteur du monde naturel ».

    Citations

    « Il ne parla pas non plus du renardeau rencontré dans une clairière, qui le regarda avec une curiosité quasi animale, sans bouger, les oreilles dressées comme celles d'un chien. Il garda le secret de la partie du bois où il avait vu des couleuvres, de peur que le vieux s'avisât de tuer ce qu'il appelait "cette vermine". Le garçon chérissait de même les arbres ; il les plaignait, si grands et si majestueux qu'ils fussent, d'être incapables de fuir ou de se défendre, livrés à la hache du plus chétif bûcheron. » (p. 32)

    « On faussait tout, se disait-il, en pensant si peu à la souplesse et aux ressources de l'être humain, si pareil à la plante qui cherche le soleil ou l'eau et se nourrit tant bien que mal des sols où le vent l'a semée. La coutume, plus que la nature, lui semblait marquer des différences que nous établissons entre les rangs, les habitudes et les savoirs acquis dès l'enfance, ou les diverses manières de prier ce qu'on appelle Dieu. Même les âges, les sexes, et jusqu'aux espèces, lui paraissaient plus proches qu'on ne croit les uns des autres : enfant ou vieillard, homme ou femme, animal ou bipède qui parle et travaille de ses mains, tous communiaient dans l'infortune et la douceur d'exister. » (p. 164)

    Mots-clefs

    île / animaux / chien / nature / arbre / pacifisme

     

     

    Fiche réalisée par Mathilde BATAILLÉ

    Catégorie générique

    Roman