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    Manuel de Pedrolo - Le deuxième matin du monde

    Manuel de Pedrolo - Le deuxième matin du monde

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    Le deuxième matin du monde

    Références de l'ouvrage

    PEDROLO Manuel de, Mecanoscrit del segon origen [1974], Barcelone, LaButxaca, 2012, 209 pages.
    Le deuxième matin du monde, traduit du catalan par Marie-José Morlette, Paris, Hachette jeunesse, 1993, 313 pages.

    L’auteur

    Manuel de Pedrolo est un auteur catalan né en 1918 à l’Aranyó, près de Lleida, et mort à Barcelone en 1990. Célèbre pour son engagement auprès des forces anarchistes de la CNT-FAI pendant la guerre d’Espagne, puis auprès de la gauche indépendantiste catalane, il est l’auteur d’une œuvre prolifique et très populaire en Espagne. Il a reçu de nombreux prix, dont le Joanot Martorell en 1954 et le prix Mercè Rodoreda des contes et nouvelles. Mecanoscrit del segon origen est un classique de la littérature contemporaine catalane et demeure aujourd’hui l’un des romans les plus lus en Espagne. Le texte vient de faire l’objet d’une adaptation cinématographique, Segundo origen (2015).

    Résumé

    Le roman, structuré en quatre cahiers, s’ouvre sur une scène d’apocalypse dont réchappent les deux protagonistes, Alba, 14 ans et Dídac, 8 ans. L’histoire commence après qu'une attaque d'extra-terrestres a fait disparaître, semble-t-il, l'humanité tout entière. Alba et Dídac, natifs de Benaura, un village fictif de la côte catalane, semblent être les deux seuls survivants, hormis les oiseaux et les insectes : en nouveaux Adam et Ève, ils vont tenter de reconstruire la civilisation anéantie, affrontant pour ce faire des extra-terrestres, fuyant les épidémies et défiant les rudesses du climat ou le risque de pénurie alimentaire. Se réfugiant d’abord dans une cabane en forêt, ils se sédentarisent progressivement, s’installant dans une ferme où ils parviennent à assurer leur subsistance, au moyen notamment de l’agriculture et du stockage de denrées. La science et la culture tiennent également dans cette entreprise une place fondamentale : Alba et Dídac recréent une bibliothèque des savoirs, elle apprenant dans les livres la médecine, lui la mécanique ou la navigation. Désirant partir à la rencontre d’autres survivants éventuels, Alba et Dídac entreprennent un voyage en bateau en Méditerranée, à l’occasion duquel ils concevront un enfant, Mar, envisagé par ses parents comme étant le premier d’une longue lignée destinée à repeupler la Terre. Mais Dídac décède prématurément dans un accident : le plafond de la bibliothèque improvisée s’écroule et lui tombe dessus. Après avoir enterré son corps, Alba déclare qu’elle attendra que Mar soit en âge de procréer pour avoir avec lui des enfants et assurer ainsi sa propre descendance. Une note fictive de l’éditeur clôt le roman, écrite quatre-mille deux cents dix-huit ans après qu’un érudit a trouvé le manuscrit que l’on vient de lire, composé des quatre cahiers. On apprend que ceux-ci ont probablement été écrits par Alba, celle dont tout indique qu’elle est la mère de l’humanité, et l’éditeur s’emploie à retracer la généalogie des écrits qu’il est fier de mettre en circulation.

    Dystopie post-apocalyptique, roman de science-fiction pour adolescents, ce texte, écrit à la fin du franquisme, peut également faire l’objet d’une lecture politique. Le mythe du chaos régénérateur, mobilisé à la fin de la dictature, autorise une telle interprétation. En outre, Alba est blanche, Dídac est noir, et l’entreprise des deux survivants est également de fonder une humanité débarrassée par exemple du racisme et des discriminations qui en découlent.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Centraux. On trouve dans le texte de nombreuses descriptions, abondantes et très détaillées, de la nature, de la forêt, des animaux, de la mer, mais aussi de longs passages ayant trait à l’agriculture et aux techniques de labeur que les protagonistes mettent en place dans le but d’assurer leur survie. Les espèces animales ou végétales, les écosystèmes présents dans cette partie de la Catalogne se voient ainsi conférer une place de choix.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Ils sont tout à la fois réels et imaginaires : si la catastrophe qui entraîne l’éradication de la presque totalité de l’humanité n’est pas d’ordre écologique mais proprement surnaturel, les moyens mis en place pour faire face à l’après – cueillette, stockage, agriculture – font en revanche l’objet de descriptions réalistes.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Pas réellement, même si les moyens déployés par les deux protagonistes pour recréer l’espèce et la civilisation font d’eux des êtres primordiaux, saisis dans un rapport dialectique avec leur environnement – une dialectique dont le déploiement est le cœur narratif du texte.

    Citations

    – Som el darrer blanc i el darrer negre, Dídac. Després de nosaltres, la gent no hi pensarà més, en el color de la pell.
    I es va quedar cavil·losa, perquè encara no se li havia acudit que, si per atzar no restava ningú més, el món futur podia ésser totalment diferent. (p. 43)

    – Nous sommes la dernière Blanche et le dernier Noir, Dídac. Après nous, les gens ne penseront plus à la couleur de la peau.
    Et elle demeura pensive, car jusqu’alors elle n’avait pas pensé que, si par hasard ils étaient les seuls survivants, le monde à venir pourrait s’avérer totalement différent. (trad. Anne-Laure Bonvalot)

     

    Més tard van desembarcar en una platgeta menuda, sota el camí d’Anacapri, on hi havia tot d’estrelles de mar i, com a tot arreu, una gran quantitat d’ocells, les úniques criatures sorolloses, amb ells dos, en un paisatge que reposava com suspès en el temps.
    Tanta bellesa gairebé afeixugava el cor i l’Alba, amb un accent estrany, digué:
    – I pensar que, si no hi arriba a haver aquest cataclisme, no ho hauríem vist mai!
    En Dídac opinà:
    – Potser sí, de més grans.
    Pero ella pensà que, de més gran, en Dídac hauria estat un pobre assalariat, potser un mecànic, i ella… què hauria estat, ella ? (p. 136)

    Plus tard, ils débarquèrent sur une petite plage, sur le chemin d’Anacapri, où il y avait plein d’étoiles de mer et, comme partout, une grande quantité d’oiseaux, les seules créatures bruyantes, avec eux deux, dans un paysage qui reposait comme suspendu dans le temps.
    Tant de beauté en arrivait presque à leur serrer le cœur, et Alba, prenant un ton étrange, dit :
    – Et dire que sans ce cataclysme, nous n’aurions jamais vu ça !
    Dídac rétorqua :
    – Peut-être que si, une fois adultes.
    Mais elle songea que, une fois adulte, Dídac aurait été un salarié pauvre, un mécanicien peut-être, et elle... qu’aurait-elle été, elle ? (trad. Anne-Laure Bonvalot)

    Mots-clefs

    responsabilité humaine / catastrophe / reconstruction / dystopie

     

     

    Fiche réalisée par Anne-Laure BONVALOT                                       

    Catégorie générique

    Roman de science-fiction jeunesse