Autour du monde
Références de l'ouvrage
MAUVIGNIER Laurent, Autour du monde, Paris, Les Éditions de Minuit, 2014, 372 pages
L’auteur
Né en 1967, L. Mauvignier, auteur d’une dizaine d’ouvrages (romans souvent), a expérimenté divers types d’écriture en s’appuyant parfois sur des faits réels (Dans la foule, Ce que j’appelle oubli).
Résumé
Le roman enchaîne quatorze récits situés au moment de la catastrophe de Fukushima au moyen de transitions-ruptures qui, en les laissant ouverts, invitent à s’interroger moins sur leur unité narrative que sur le sens de leur confrontation. Au Japon, un Mexicain et une Japonaise font l’amour lorsque se déclenchent séisme et tsunami. Lors d’une croisière en mer du Nord, Frantz sauve un vieux sismologue désorienté, père d’une jeune femme attirante. Aux Bahamas, Taha, hanté par sa peur de l’eau, accompagne Yasemin dans sa nage avec les dauphins. À l’aéroport de Tel-Aviv, deux jeunes femmes se rencontrent, l’une d’elle se trouvant confrontée au double drame des origines et des attentats. À Moscou le Malais Syafiq retrouve son amant au moment où la femme de celui-ci accouche. À Dubaï, un employé philippin s’occupe d’une touriste française riche et esseulée. Dans un avion deux jeunes mariés ont une conversation peu romantique, tandis que d’autres couples plus mûrs révèlent de plus vastes failles lors d’un safari en Tanzanie. Un noir s’offre une escapade romaine avec la fiancée qu’il a soufflée à son fils. Deux retraités espagnols sont attaqués par des pirates dans le golfe d’Aden. Deux vieux voisins solitaires s’engagent, non sans atermoiement, dans un voyage vers un casino situé à la frontière slovène. Alec remonte le fil de l’entrée dans la folie de sa femme, survenue en Thaïlande. Rejoignant son frère Mitch en Floride, l’autostoppeur Vince gâche, par son racisme, leurs retrouvailles. C’est à Disney que Mitch dilue sa déception, à Disney aussi que les parents d’une petite Japonaise tentent de retarder leur retour vers leur pays frappé par la catastrophe dont ils n’osent lui parler.
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
La catastrophe de Fukushima fournit une structure apparente au roman : occupant une place notable dans les deux récits extrêmes, elle peut, dans les autres, disparaître, apparaître fugacement à la télévision, être un simple catalyseur. Prétexte à l’évocation « autour du monde » de destins révélant les fragilités accrues par le déplacement d’individus en transit et confrontés à leur solitude, elle fait du séisme une métaphore de ces failles touchant à l’universalisme d’une peinture de la condition humaine.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
Le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima survenus le 11 mars 2011 constituent la toile de fond de l’ensemble du livre. De nombreux drames du monde contemporain sont évoqués par ailleurs, notamment l’ouragan Katerina.
Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
On ne saurait isoler ici de types de l’écofiction : malgré leur diversité, ces destinées présentent de simples variations sur l’indifférenciation de nos failles (enfant, origine, famille, couple, vieillesse) orchestrées par la double globalisation du monde et de la narration.
Citation
« La vague, elle, continuera sa route avec indifférence. Dans un an, le tsunami continuera de frapper – presque sans force, presque exténué –, de l’autre côté de la planète. Pourtant, il aura encore assez de puissance pour se jeter contre des icebergs en pleine mer du Nord. Il aura parcouru la Terre comme pour rappeler que tous les objets du monde sont reliés entre eux d’une manière ou d’une autre et qu’ils se touchent les uns les autres. » (p. 39)
Mots-clefs
catastrophe / voyage / globalisation / universalisme
Fiche réalisée par Isabelle TRIVISANI-MOREAU