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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Johannes Kühn - Et sur l’herbe, j’ai mesuré ma vie

    Johannes Kühn - Et sur l’herbe, j’ai mesuré ma vie

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    Et sur l'herbe, j'ai mesuré ma vie

    Références de l'ouvrage

    KÜHN, Johannes, Und hab am Gras mein Leben gemessen (Et sur l’herbe, j’ai mesuré ma vie), Carl Hanser Verlag, München, 2014, 140 pages. (non traduit en français)

    L’auteur

    Né en 1934 dans une famille de mineurs sarrois, Johannes Kühn ne s’est jamais éloigné de Tholey, au pied du Schaumberg (569m). Malade privé de bac, il suit en auditeur libre art dramatique et germanistique à Freiburg in Breisgau et Saarbrücken. Employé un temps par l’entreprise fraternelle de génie civil (1963-1973), il se consacre ensuite entièrement à l’écriture, qu’il interrompt par un long silence (1983-1992). Auteur de nombreux contes, de quelques drames marqués par l’absurde ainsi que de livres en prose, Kühn arpente son pays en marcheur infatigable, puisant dans une nature familière et quotidienne la matière de poèmes à l’écho avant tout régional (Wasser genügt nicht – L’eau ne suffit pas, 1997). Partiellement traduit en espagnol et en français (À table avec les corbeaux, éditions Grèges, 2008), il est distingué par plusieurs prix dont le Christian-Wagner-Preis (1996). Und hab am Gras mein Leben gemessen (2014) est son dernier recueil de poèmes paru.

    Résumé

    Composé d’un choix fait par ses amis Irmgard et Benno Rech, le recueil de Kühn se divise en sept grandes sections comptant un nombre variable de poèmes en vers libres. Tous s’étendent sur une seule page, à l’exception d’une ode où Lucifer prend la parole pour exalter la violence et le doute. Par contraste avec cette exception, la plupart des poèmes évoquent les sensations harmonieuses de lieux bucoliques où se promène le moi lyrique. L’autoportrait en creux suggère un homme âgé narguant la mort avec humour. Des descriptions de choses complètent un microcosme quotidien de bonheurs simples tels le café, le courrier, l’ampoule électrique et le tracteur. L’univers villageois prolonge les champs et les bois, comme à la table en terrasse d’où l’habitué contemple et gribouille la forêt. Au fil de portraits d’arbres personnifiés et qui s’attachent aux passages du vent qui les anime, la voix réenchante le monde et sacralise la nature, se souvenant en présence d’un puits du Cor enchanté de l’enfant (Des Knaben Wunderhorn, recueil romantique des contes populaires par Arnim et Brentano au XIXe siècle). La référence chrétienne permanente n’est pas dénuée d’accents panthéistes : « il y a un dieu/ dans ces arbres, insondable pour moi/ il invite les oiseaux dans les cimes ondoyantes/ sans un mot il prêche/ la persévérance » (es ist ein Gott/ in diesen Bäumen, den ich nicht ergründe/ er lädt die Vögel ein in schwankende Wipfel/ er predigt ohne Wort/ Standfestigkeit, p. 27). L’éloge du jour et de la nuit, des différentes saisons, passe fondamentalement par les yeux, même si quelques tentatives sonores s’invitent dans les jeux de mots, au sein d’une langue familière et orale teintée de régionalismes.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Il n’est jamais question d’écologie à proprement parler, mais de façon constante, d’un sentiment de la nature qui englobe le monde humain lui-même. Chênes, hêtres, lierre, cerfs, escargots, grues cendrées, chiens… le lecteur de ces poèmes côtoie un bestiaire et un herbier plus familiers que savants, ce qui donne l’impression d’une communication simplifiée avec le non-humain.

     Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Cette écriture presque toujours au présent (un présent phénoménologique, souvent descriptif), cherche à mettre sous les yeux du lecteur ce qu’il y a de moins spectaculaire, un réel banal, quotidien, ordinaire.

     Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    La célébration lyrique d’une nature banale, dont la météorologie exprime le passage du temps et son acceptation, n’est pas sans faire penser à la démarche microcosmique d’Emily Dickinson. Comme dans les Leaves of Grass de Whitman, l’analogie entre l’herbe et la vie de l’homme se souvient des Psaumes. Johannes Kühn présente tous les signes d’un Wanderer inactuel, survivant d’un sentiment de la nature séculaire et comme en décalage avec le monde post-moderne. C’est ainsi que ses amis lient sa sagesse à sa fièvre de marcher (Schrittlust), allant jusqu’à suggérer une forme de magie ou de prophétisme, rappelant qu’il cherchait dès 1957 une langue qui puisse sauver ce qui vit face à l’âge nucléaire : « Comment trouver ces mots ? Peut-être en m’imprégnant par de petites formes de la beauté de la Terre et en me laissant pénétrer par la peine que cette beauté soit un jour anéantie, qu’elle doive cesser d’exister par la main sacrilège de l’homme. » (propos cités en allemand dans la postface, p. 147).

    Citations

    Spielende Kinder laufen im Mittag darüber,
    und er steht auf
    am Abend in der Kühle,
    grüßt am Morgen frischer,
    wenn auch der Nacht Tau,
    ein Bruder des Regens,
    es gestärkt.
    Solche Natur sollt ich haben,
    niederes Gras möcht ich sein.
    im Vertraun
    an helfende Himmel,
    das nie erlischt.

    Des enfants qui jouent courent à midi dessus,
    et elle se lève
    le soir à la fraîche,
    salue plus fraîchement au matin,
    et même si la rosée tombe à la nuit,
    une sœur de la pluie,
    elle se renforce.
    C’est ce genre de nature que je devrais avoir,
    je voudrais être de l’herbe inférieure
    faire confiance
    à des cieux secourables,
    de l’herbe qui jamais n’expire.
    (p. 20).

    Mots-clefs

    végétal / animaux / régionalisme / Allemagne / jardin / eau / religion / marche / habitat / ruralité

     

     

    Fiche réalisée par Bertrand GUEST                                   

    Catégorie générique

    Recueil de poèmes