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    Johanna Sinisalo - Jamais avant le coucher du soleil

    Johanna Sinisalo - Jamais avant le coucher du soleil

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    Jamais avant le coucher du soleil

    Références de l'ouvrage

    SINISALO, Johanna, Jamais avant le coucher du soleil (Ennen päivänlaskua ei voi), traduit du finnois par Anne COLIN DU TERRAIL, Actes Sud, Arles, 2003 (édition finnoise 2000), 319 pages.

    L’auteur

    Johanna Sinisalo (1958-) est née en Finlande, a étudié la littérature avant de fonder son entreprise de publicité, puis de devenir auteure indépendante en 1997. Jamais avant le coucher du soleil, son premier roman, a été salué par le prestigieux Finlandia Prize. Elle a été lauréate du Prix Atorox (prix littéraire de science-fiction finlandais) à plusieurs reprises. Ses romans sont marqués par une préoccupation environnementale, tels Le sang des fleurs (2011, trad. 2013) qui relate une catastrophe agricole entraînée par la disparition des abeilles, ou Oiseau de malheur (2008, trad. 2011) où des randonneurs en plein retour à la nature expriment leurs interrogations sur le mode de vie occidental. Le sujet de Jamais avant le coucher du soleil lui est venu à partir d’un débat sur la présence de plus en plus fréquente de grands prédateurs en périphérie des villes, débat lors duquel l’opi­nion de les exter­miner fut émise. Elle a ainsi voulu poser la question de l’invasion du territoire de l’autre par une espèce et du rapport faussé entre homme et nature et a alors trouvé dans le troll une image traditionnelle de cette crainte.

    Résumé

    Ange, jeune photographe, sauve d’une bande de jeunes une créature qui s’avère être un enfant troll. Il réussit à le soigner, et cet être potentiellement dangereux et redoutablement intelligent, baptisé Pessi, s’épanouit petit à petit. Ange s’attache immédiatement au troll d’une manière d’abord excessive puis dérangeante, car celui-ci éveille chez lui des pulsions sexuelles. Le jeune homme fait tout pour cacher son existence, pourtant découverte par sa voisine puis son employeur, jusqu’au jour où l’un de ses amis, entré dans son appartement pour lui faire une surprise, est assassiné par Pessi. Acculé, Ange s’enfuit avec Pessi dans la forêt où il est récupéré par un troll adulte qui l’accueille fusil à l’épaule.

    Ce roman polyphonique est construit en nombreux chapitres relativement courts, entre une et dix pages environ. Ces chapitres sont de deux types. Les chapitres les plus nombreux, ceux qui font avancer l’histoire, adoptent le point de vue d’un personnage, et s’intitulent du nom du personnage qui s’exprime ; on a donc un récit construit sur des focalisations internes. D’autres chapitres reproduisent un extrait d’un intertexte, s’intitulent donc du titre du texte choisi, et s’intercalent entre deux chapitres qui permettent de faire s’exprimer des personnages. Ces chapitres-ci ont toujours pour sujet le troll, mais ils sont très variés dans leur nature (extraits de romans, de conte, de légende, de site web, de livre documentaire…). Le ressort essentiel exploité par l’auteur est qu’il appartient au lecteur de démêler l’existence réelle de ces textes : en effet, certains d’entre eux existent vraiment (le roman de Bruce Chatwin Le chant des pistes ; le livre pour enfant Pessi et Illusia de 1994 ; L’Echange de Selma Lagerlöf…). En revanche d’autres textes sont complètement fictifs, mais donnent une matérialité, une existence au troll (articles de journaux qui relatent un incident avec un troll, journal de bord d’un garde-frontière, livre de zoologie qui stipule que le troll est reconnu comme animal à part entière depuis les années 1970….).

    La présence de la question environnementale dans le texte

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans l’ouvrage ?

    C’est un thème central. Le sauvetage puis l’adaptation d’un animal sauvage à un environnement urbain et humain pose des questions éthiques : l’amour démesuré qu’éprouve Ange pour Pessi met en danger le troll lui-même, puisqu’en vivant en appartement et non en forêt, il perd son pelage et devient incapable de vivre dehors. C’est également une mise en danger des humains, car Ange fait fi de la bestialité du troll, malgré une première agression spectaculaire sur un homme.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    La présence en milieu urbain d’animaux sauvages est un thème réel traité par le biais de l’imaginaire. Bien que le troll n’existe pas, le récit est entrelacé de textes mythologiques, littéraires et documentaires (certains réels, d’autres fictifs) qui retracent les recherches menées par Ange et dont la fonction est non seulement d’augmenter la tension dramatique en dépeignant le troll comme dangereux et diabolique, mais également de le rendre réel.

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Ange incarne le citadin inconscient qui se prend d’affection pour un animal sauvage qu’il a recueilli mais qu’il ne peut ni ne veut plus libérer.  Nous pouvons parler ici d’un rapport prototypique humain/animal dans lequel l’humain instrumentalise l’animal, parfois sans le vouloir, victime d’une représentation anthropocentrique des êtres vivants et d’un instinct de domination.

    Citations

    « Je jette un coup d’œil vers le lit, vers ce petit être noir à la fois inquiet, épuisé et de toute évidence douloureusement affamé. Je ne peux pas le laisser sortir, dehors l’attendent des hordes chaussées de bottes à bout ferré qui s’éclatent à arroser d’essence les SDF, à jeter les chats du haut des toits et à tabasser les pédés. Et si je parle de lui à qui que ce soit, je le perdrai tout aussi sûrement. » (p. 48)

    « Je l’ai emprisonné là, j’ai tenté de capturer un fragment de forêt, et c’est la forêt qui m’a capturé. » (p. 197)

    « Ils reviennent, et font ce que font déjà les moineaux, les pigeons ou les rats, cohabiter avec nous, que nous le voulions ou non. Ils mangent nos restes, chapardent un peu et dorment dans nos bâtiments vides. Jouent les sorcières dans les étables à Pâques et à Mardi Gras, comme le veut la tradition. Posent peu à peu leurs marques sur notre territoire, sans que nous nous en apercevions, jusqu’au jour où ils seront parmi nous. Espérons qu’ils s’en contenteront. » (p. 307-308)

    Mots-clefs

    responsabilité humaine / animaux / bioéthique

     

     

    Fiche réalisée par Cécile BOUDEAU

    Catégorie générique

    Roman