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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Jean Rolin - Un chien mort après lui

    Jean Rolin - Un chien mort après lui

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    Un chien mort après lui

    Références de l'ouvrage

    ROLIN, Jean, Un chien mort après lui, POL, Paris, 2009, 346 pages.

    L’auteur

    Jean Rolin est un journaliste et écrivain né en 1949 dont l’œuvre éclectique a été saluée par de nombreux prix, tant pour la qualité de ses reportages journalistiques (il obtient le prix Albert Londres en 1988) que pour son travail d’écrivain (son roman autobiographique L’Organisation reçoit le prix Médicis en 1996, L’Homme qui a vu l’ours le prix Ptolémée en 2006, et l’ensemble de ses écrits lui vaut le prix de la langue française en 2013). Ancien militant maoïste, Jean Rolin est un écrivain-voyageur engagé qui pose un regard humaniste et désabusé à la fois sur le monde qu’il parcourt en tous sens, qu’il décrit en particulier à travers les paysages urbains (Zones, La Clôture). Il se met souvent en scène dans ses propres ouvrages, qui oscillent fréquemment entre fiction, reportage journalistique, essai et autobiographie.

    Résumé

    Le narrateur, que l’on suppose être l’auteur-journaliste Jean Rolin lui-même, veut écrire un texte sur les chiens errants aussi nommés « chiens féraux » car ils sont revenus à un état sauvage. Le choix de ce sujet très particulier s’enracine dans une expérience personnelle de l’auteur qui se souvient avoir failli être dévoré par un de ces chiens lors d’un reportage au Turkménistan « dans les dernières années du XXème siècle ». L’enquête qu’il entreprend entre 2006 et 2007 se fonde sur une mobilisation de nombreuses ressources qui constituent autant de pièces d’un vaste puzzle dont l’image finale est moins la connaissance intime de ces chiens errants que la représentation d’une espèce animale marginale et au contact de l’humain destinée à poser un regard critique sur l’état du monde et ses enjeux politiques et sociaux. En une trentaine de chapitres dont chacun ou presque transporte le lecteur dans un nouveau lieu, souvent marqué par des tensions politiques, Jean Rolin décrit des situations concrètes qui témoignent de la présence et du rôle de ces chiens, indicateurs de misère et de dénuement dans la plupart des cas, jugés nuisibles et éradiqués par les gouvernements qui en ont les moyens. Par ailleurs, l’auteur rend compte de ses nombreuses lectures qu’il cite abondamment (aussi bien des ouvrages littéraires que scientifiques) et de ses échanges avec les spécialistes qu’il consulte. Le récit s’achève sur le projet de retourner au Turkménistan, où l’auteur garde le souvenir de sa frayeur, comme un retour au point de départ.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Ce texte n’a pas d’ambition écologiste, mais dans la mesure où il se focalise sur un animal déterminé pour comprendre comment et pourquoi se jouent les interactions entre cet animal (qui pose d’ailleurs le paradoxe d’une existence sauvage pour une espèce initialement domestique) et l’humain, nous pouvons considérer que la perspective de ce texte est fondamentalement écologique : elle étudie un écosystème bien déterminé et décrypte le monde à travers ce prisme.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Jean Rolin insiste sur la nécessité, pour nourrir son enquête, de s’appuyer sur des observations du réel. Dans la plupart des cas, les histoires rapportées sur les chiens sont fondées sur des sources qui font autorité et à plusieurs reprises l’auteur se rend sur place pour vérifier des informations ou en produire. Néanmoins, le travail d’investigation demeure prospectif et n’apporte jamais de réponse définitive quant à l’origine des chiens errants ou à leur évolution (questions qui font débat parmi les spécialistes).

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    L’auteur met en évidence l’ambiguïté du rapport humain à cet animal qui lui pose problème. De fait, nous voyons émerger d’une part une population qui vit avec les chiens errants dans une promiscuité plus ou moins résignée, d’autre part des gouvernants et des représentants de l’ordre qui cherchent à éliminer à tout prix ces bêtes nuisibles pour la sécurité des habitants des villes. Mais une autre partie de la population humaine, souvent celle qui est le moins directement en contact avec les chiens errants, soutient ces animaux persécutés et, au nom du respect du droit animal, se manifeste pour les protéger. Fervents défenseurs écologistes acquis à la cause animale, ces femmes et ces hommes représentent une force politique non négligeable, du moins dans certains pays.

    Citations

    « À force de rechercher dans des textes les occurrences de chiens errants, on finit par développer, ou par s’imaginer que l’on développe, une sorte d’instinct, ou d’expérience, qui à plusieurs lignes de distance vous fait pressentir leur apparition imminente. Mais il arrive parfois que les signes avant-coureurs soient trompeurs et que cette attente soit déçue, la scène ou le passage concerné donnant alors l’impression qu’il y manque des chiens. » (p. 94)

    « Leur liberté, ces chiens errants ne l’avaient d’ailleurs préservée que dans des conditions qui en limitaient l’exercice : chacun d’entre eux portait un collier de toile auquel était accrochées deux ou trois breloques attestant qu’ils avaient été stérilisés, vaccinés, etc. sans doute cet étiquetage des chiens errants, et leur neutralisation préalable, étaient-ils une fois de plus ce que les associations de défense avaient trouvé de mieux pour en soustraire quelques-uns à l’élimination brutale dont la plupart avaient été victimes avant les Jeux olympiques de 2004 ou dans d’autres circonstances. » (p.162-163)

    «  À la lecture de la préface de l’édition de 2002 [de The Ecology of Stray Dogs, d’Alan M. Beck], on rencontre à chaque ligne des difficultés de traduction, imputables pour certaines à la plus grande richesse du vocabulaire anglais se rapportant aux chiens errants, pour d’autres à la nature même de ces animaux, ou plutôt à l’ambiguïté de leur statut. Ainsi Beck distingue-t-il les « loose or straying pets » – animaux de compagnie errants ou détachés – des « unowned stray dogs » – chiens errants sans propriétaire  – qu’il définit ailleurs comme les véritables chiens errants  – « true stray dogs » – voire comme des chiens féraux : « stray (feral) dogs ». Des chiens appartenant à la seconde catégorie, Beck observe qu’ils forment des groupes stables, habituellement de deux à cinq, qu’ils sont « plus actifs de nuit », et aussi « plus méfiants vis-à-vis des gens ». (p. 169-170)

    Mots-clefs

    animaux / chien / responsabilité humaine / déchets / ville / politique / guerre

     

     

    Fiche réalisée par Blandine CHARRIER

    Catégorie générique

    Récit d'investigation