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    Jean-Loup Trassard - Neige sur la forge

    Jean-Loup Trassard - Neige sur la forge

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    Neige sur la forge

    Références de l'ouvrage

    TRASSARD, Jean-Loup, Neige sur la forge,
    Gallimard, Paris, 2015, 137 pages.

    L’auteur

    Auteur et photographe né en 1933 en Mayenne, Jean-Loup Trassard, qui se dit « écrivain de l’agriculture », publie chez Gallimard et Le Temps qu’il fait des textes courts évoquant la campagne et les mutations du monde agricole. Devenu fermier après des études de droit et d’ethnologie, il intègre la NRF de Paulhan et Lambrichs où il chemine depuis les premières nouvelles (Le lait de taupes, 1960) jusqu’à des récits de plus en plus nourris de ses souvenirs (L’espace antérieur, 1993) et même quelques romans (Dormance, 2000). L’association « Mémoire rurale au pays de l’Ernée », qu’il a créée en 1999, cultive la mémoire du territoire qu’il affectionne.

    Résumé 

    Ce texte nous emmène chez le forgeron Alexandre avec lequel il propose un entretien retranscrit qui date d’un XXe siècle de plus en plus lointain, entre littérature et ethnologie. Pétri de patois, d’interjections et d’onomatopées — bing, bing, bing — ce discours indirect libre reprend les paroles mais surtout les gestes de l’artisan, « péripéties du combat entre le fer et le feu » dont Trassard tisse ce « poème des éléments ». Sans chronologie apparente ni chapitres, le propos passe d’un détail à l’autre, depuis les souvenirs de guerre d’Alexandre, premier contact avec l’enclume, jusqu’aux nombreux petits ouvrages auxquels la forge le destine et à l’évolution des rapports de voisinage appauvris depuis 1945 ou encore à la discrète présence d’Angèle, son épouse aidante. La neige du titre apparaît à la dernière phrase du texte, comme pour annoncer la répétition inlassable des gestes de chaque saison, en une nouvelle année d’almanach et d’anecdotes.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Marginaux mais seulement en apparence. Les mots de l’écologie, si présents ailleurs, y compris là où n’existent pas les pratiques, n’y apparaissent pas, mais tout relève d’un mode de vie économe et soucieux d’harmonie. Rien ne se perd à la forge, où la vieille ferraille retrouve toujours une nouvelle vie. Certains ouvrages comme le cerclage ne sont commencés que lorsqu’un nombre suffisant de roues le nécessitent, et l’on pense à une décroissance qui s’ignore. L’enjeu majeur concerne le cheval autrefois si présent et avec lequel le maréchal-ferrant, l’éleveur mais aussi le forgeron qui soigne par le feu, entretiennent une relation très riche et souvent douloureuse.

     Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Il y a peu de textes aussi réels, aussi proches de ce qu’ils décrivent au point de se confondre avec. Non seulement il se situe très clairement dans des lieux nommés, en compagnie de personnes, d’outils et de sensations dont il cherche à rendre la présence, mais son esthétique documentaire ne craint jamais d’être terre-à-terre. Tout cela n’empêche en rien l’imagination de travailler, notamment autour de la figure d’Héphaïstos, dieu-forgeron devenu comme une figure tutélaire.

     Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    La démarche est totalement inverse, la description étant si précise qu’aucun cliché n’y résiste. Irrigué d’une intelligence tout ethnographique consistant à décentrer les points de vue pour décrire les savoir-faire, le texte invite le lecteur à une leçon de choses dénuée de toute prétention. Il permet d’entrer dans ce « cercle ouvert » de la connaissance mutuelle des modes de vie que suppose toute écologie, espace dont le fer à cheval est le symbole explicite.

    Citation

    « La forge est sombre aussi à cause du sol de terre et toutes celles qu’Alexandre connaît sont sur terre, si elles étaient dallées ce serait dangereux, il y aurait risque de glisser. La terre est noire parce que s’y mêlent des parcelles de rouille et ce qu’il nomme « le soui d’fer ». Souil, prononcé soui c’est, en patois, le déchet, rognures et balayures, il explique : chaque fois qu’on forge il y a de la saleté sur l’enclume, c’est la crasse du fer. Par chauffer et marteler, le forgeron fait sortir les impuretés de la matière, elles tombent au sol, se mélangent à lui. En s’émiettant, fer et charbon rejoignent la terre, l’élément au sein duquel ils se sont constitués. » (p. 36-37)

    Mots-clefs

    ruralité / régionalisme / campagne / déchets / animaux (cheval) / métiers / souvenirs

     

    Fiche réalisée par Bertrand GUEST                                   

    Catégorie générique

    Entretien / Souvenirs

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