Le Parfum d'Adam
Références de l'ouvrage
RUFIN Jean-Christophe, Le Parfum d’Adam, Paris, Gallimard, Folio, 2008 [1ère éd. 2007], 765 pages
L’auteur
Né en 1952, J.-C. Rufin a une double formation, en médecine et en sciences politiques, qui l’a conduit à des missions humanitaires à travers le monde et à exercer de hautes responsabilités dans plusieurs ONG ainsi que dans la diplomatie. Auteur d’essais depuis 1986 (Le Piège humanitaire), il a écrit plus d’une douzaine de romans et reçu plusieurs prix prestigieux dont le Goncourt du premier roman (L’Abyssin, 1997) et le Goncourt (Rouge Brésil, 2001). Il est entré à l’Académie française en 2008.
Résumé
À Wroclaw, une jeune française, Juliette, saccage un laboratoire, y délivre les animaux et subtilise un flacon. Paul Matisse, ex-agent secret devenu médecin, est contacté par son ancien chef, Archie, responsable d’une agence privée à Providence, qui lui demande d’enquêter sur cette affaire. Tandis qu’on en apprend un peu plus sur le passé de militante écologiste de Juliette mais surtout sur son déséquilibre psychologique, on suit la progression de l’enquête de Paul, aidé de son ex-coéquipière Kerry avec laquelle il entretient des rapports de compétition : en Pologne, où Paul rencontre le professeur Rogulski, spécialiste du choléra, au Cap Vert où se sont déclarés trois foyers de cette épidémie, à Seattle où Kerry infiltre l’organisation écologiste One Earth, dans l’Idaho, à Paris et à Lyon où ils glanent alternativement des éléments sur Ted Harrow et sur les recherches sur le choléra. De son côté Juliette, qui a refusé de remettre le flacon à l’intermédiaire prévu, Jonathan, s’engage à tâtons dans l’action : elle répond à des interrogatoires en Afrique du Sud avant d’être envoyée dans le Colorado chez Ted Harrow où elle éprouve, par la vie au contact de la nature, la priorité à donner à celle-ci. Mais Archie signifie à Paul et Kerry l’arrêt de leur enquête. Trompant sa surveillance, ils décident de continuer. Ils remontent jusqu’au professeur Fritsch, en Autriche, qui, en 1967, avait rassemblé dans un séminaire sur la démographie des jeunes gens autour desquels ils concentrent leurs recherches, comprenant peu à peu les liens entre la dangereuse idéologie de Fritsch et la fortune de l’un de ses étudiants, Mac Leod. Celui-ci a fourni à Ted Harrow les moyens financiers de l’action : pour eux, les dangers qui menacent la nature ne peuvent être contrés que par une éradication des plus pauvres ; la propagation d’un vibrion modifié du choléra constitue l’arme qu’ils entendent utiliser dans les favelas du Brésil. Devenue la maîtresse de Ted Harrow, Juliette laisse néanmoins émerger en elle la part de lucidité et d’humanité qui l’amène à se désolidariser d’un tel projet, tandis que l’organisation de Providence se ressoude progressivement autour de Paul et Kerry pour faire échouer le complot.
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
L’écologie radicale est l’objet principal du roman : les relations conflictuelles entre l’homme et la nature sont envisagées dans une perspective anti-humaniste. Il ne s’agit pas ici de critiquer un mode de vie occidental qui serait destructeur de l’environnement, mais de trouver un autre moyen de résoudre ces relations conflictuelles résidant dans le contrôle de la démographie et l’élimination des plus pauvres.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
L’auteur fait suivre son roman d’une Postface qui débute ainsi : « Les événements qui constituent la trame de ce roman, s’ils ne sont pas véridiques, ne me paraissent pas non plus, hélas, invraisemblables » et renvoie à sa connaissance du monde et des courants écologistes anglais et américains en indiquant ses sources. Au cours du récit sont aussi évoqués les noms de différents théoriciens authentiques de l’écologie, Aldo Leopold, John Muir, John Howard Moore, Hans Jonas… ainsi que plusieurs figures politiques qui ancrent l’intrigue dans un contexte précisément daté.
Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Le professeur Fritsch représente l’idéologue marqué par une certaine irresponsabilité et Rogulski le dangereux savant. Ted Harrow est une figure d’écoterroriste. Avec le riche Mac Leod, ils constituent le groupe idéal pour élaborer une action dangereuse. Juliette ou Jonathan sont des seconds couteaux, avides d’action, mais ne comprenant que partiellement les enjeux de leurs contributions.
Citation
« Au fond, à condition qu’il ne s’étende pas à d’autres civilisations, notre modèle industriel est un moindre mal. Au contraire, le danger mortel, ce sont les pays pauvres. Qu’ils utilisent des énergies traditionnelles ou des technologies rudimentaires, leur rôle dans l’émission de gaz toxiques est prépondérant. Avec leurs populations immenses et des moyens de culture rudimentaires, ils défrichent les derniers endroits préservés du globe. »(p. 473-4)
Mots-clefs
écoterrorisme / antihumanisme / pauvres / démographie / choléra
Fiche réalisée par Isabelle TRIVISANI-MOREAU