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    Emmanuel Lepage - Un printemps à Tchernobyl

    Emmanuel Lepage - Un printemps à Tchernobyl

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    Un printemps à Tchernobyl

    Références de l'ouvrage

    LEPAGE, Emmanuel, Un printemps à Tchernobyl,
    Futuropolis, Paris, 2012, 164 pages.

    L’auteur

    Emmanuel Lepage est né à Saint-Brieuc en 1966 et vit toujours en Bretagne. Sa vocation naît dès son enfance, marquée par la rencontre avec Jean-Claude Fournier, dessinateur de Spirou. Une partie de son œuvre manifeste un goût pour le voyage et l’aventure, tant pour la réalisation de carnets de voyage (Brésil, America, 2003) que pour des fictions (La Terre sans mal, scénario Anne Sibran, 1999) ou encore des documentaires (Australesdeux récits du bout du monde, 2011-2014). Un printemps à Tchernobyl est publié en même temps qu’un carnet de voyage intitulé Les Fleurs de Tchernobyl aux éditions La Boîte à bulle, dont les profits ont été reversés à l’association Les enfants de Tchernobyl.

    Résumé

    En 2008, l’auteur a décidé de rejoindre le collectif des Dessin’Acteurs [Une association militante qui vise à mener des actions concrètes pour publier des ouvrages dont les fonds sont collectés au profit des causes défendues] pour participer à une résidence d’artistes dans la zone interdite de Tchernobyl, en Ukraine, irradiée après l’explosion du réacteur nucléaire le 26 avril 1986. Emmanuel Lepage arrive dans le village de Voldarka, à 20 kilomètres de la zone interdite, où il résidera pendant plusieurs semaines. La découverte de Tchernobyl est celle d’une ville fantôme, avec des infrastructures modernes et des réacteurs encore inachevés. À chaque sortie à l’air libre, il faut se protéger et surveiller le dosimètre pour ne pas s’exposer trop dangereusement.  Les soirées fournissent des occasions de rencontrer la population locale, et comprendre combien leurs vies sont attachées à la présence du réacteur. Pauvres et sans illusions, ils n’imaginent pourtant pas vivre ailleurs et gardent une force morale à toute épreuve.

    Au fur et à mesure que les jours passent, Emmanuel Lepage découvre que le monde dans lequel il est plongé n’est pas uniformément empoisonné, d’abord parce que la joie de vivre des habitants rompt avec l’image funeste attendue, mais aussi parce la zone a été contaminée de façon aléatoire, laissant certains espaces purs. Les images en noir et blanc (lavis d’encre de chine ou aquarelle couleur sépia) laissent subitement place à des représentations colorées (craies et pastels de couleurs vives) de la nature en pleine zone radioactive, ce qui surprend et même met mal à l’aise l’auteur, qui voit son projet de témoignage de la catastrophe détourné malgré lui. La contamination est invisible, et si la résilience de la nature est spectaculaire, la menace d’un danger impalpable reste pesante. Ambiguë, l’expérience est ambigüe, elle relève tantôt de la survie en milieu hostile, tantôt de la robinsonnade insouciante. Loin d’être un voyage en enfer, elle se présente plutôt comme une rencontre avec la vie, dans ce qu’elle est de plus primitif, une énergie qui se déploie et croît sans espoir de devenir. Bien que relevant du genre documentaire, cette bande dessinée rejoint le récit initiatique.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Les conséquences de la catastrophe nucléaire constituent le point de départ de ce récit, qui se présente comme un témoignage du monde irradié. Mais la sensibilité écologique de cette BD est plus subtile que ne le serait une description d’un monde post-apocalyptique, car l’auteur, par l’observation attentive de son environnement, découvre un nouvel équilibre où cohabitent une nature préservée et une nature empoisonnée, qui sont si étroitement mêlées qu’il est difficile d’en trouver une juste représentation.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    La catastrophe de Tchernobyl est un événement réel qui demeure un traumatisme dans la mémoire collective. Emmanuel Lepage, qui a 20 ans au moment des faits, a lui-même été marqué par ce qu’il a pu en apprendre par les médias et à travers les discours politiques.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Non.

    Citation

    Planche double pages 112-113 : Une bande de six cases carrées en noir et blanc représentent l’auteur en train de dessiner en pleine forêt. Case 1 : « ce que j’ai face à moi, ce que je dessine n’est pas la vérité », case 2 : « Je ne vois pas le désastre, mais une explosion de couleurs resplendissantes. », case 3 : « Seul le compteur me dit :’C’est contaminé, ne reste pas là !’ », case 4 : « Comment dessiner l’invisible ? », case 5 : « J’avais imaginé dessiner des forêts noires, des arbres tordus, décharnés, étranges ou monstrueux… / J’avais mes craies noires, mes encres sombres, mes fusains… », case 6 : « Mais la couleur s’impose à moi. »

    En-dessous, pleine page, le dessin à la craie dans des couleurs vert acidulé, bleu, jaune des troncs de la forêt : « Mon dessin ne dit rien du réel. / Quelle étrangeté que de devoir représenter ce que je ne vois pas, ne ressens pas ! Mes sens me disent le contraire de ce que m’indique le dosimètre ! / Je suis pris de vertige. / Pripiat, ville désolée, colle à ce que j’imaginais de la catastrophe, correspond à l’image que je me faisais du désastre. / Mais ici, dans la zone ? Cette vibration subtile des couleurs couvre l’effroyable réalité qui se cache à mes yeux. / Dessiner, c’est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. / Va pour Pripiat et ses rues vides et grises, mais les forêts bleues ? / Quoi, alors ? La beauté ? Comment ça, la beauté ? »

    Mots-clefs

    nucléaire / Tchernobyl / responsabilité humaine / pollution / forêt

     

     

    Fiche réalisée par Blandine CHARRIER                                   

    Catégorie générique

    Bande dessinée documentaire