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EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature


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    Elisabeth Filhol - La Centrale

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    La Centrale

    Références de l'ouvrage

    FILHOL Elisabeth, La Centrale, P.O.L, Paris, 2010, 141 pages.

    L’auteur

    Elisabeth Filhol (1965-) travaille dans le milieu industriel : audit, gestion de trésorerie, analyse financière et conseil auprès des comités d’entreprise. La Centrale, son premier roman, a reçu en 2010 le prix France Culture-Télérama. C’est par un souvenir personnel et non une préoccupation professionnelle que lui est venu le sujet de son livre, soit la désinformation qui a suivi la catastrophe de Tchernobyl. Elle précise : « Cet intérêt n'est jamais devenu un engagement pour ou contre le nucléaire. […] J'ai simplement vu, dans cette réalité, un sujet fort et méconnu du grand public. J'ai eu envie de le traiter littérairement, de l'explorer avec les outils du roman. En outre, sur le plan formel, le principe physique de la fission m'intéressait comme objet poétique. » (Interview sur telerama.fr, http://www.telerama.fr/livre/le-prix-telerama-france-culture-a-ete-attribue-a-elisabeth-filhol,53945.php)

    Résumé

    Yann est l’un de ces ouvriers intérimaires qui travaillent dans la maintenance du nucléaire et sillonnent la France de centrale en centrale. Le début du récit évoque son « accident », une surexposition aux radiations. Par la suite, la chronologie du texte est constituée d’un va-et-vient entre ses débuts professionnels aux côtés de son ami Loïc et sa vie après l’accident, lorsqu’il est contraint de chercher un autre travail. Yann, qui est le narrateur, centre son propos autour de sa vie professionnelle, qu’il s’agisse de ses relations avec son ami et collègue Loïc, intérimaire comme lui qui finit par démissionner puis se suicider, ou de Jean-Yves avec qui il partage un mobil-home. Il s’agit également de décrire les conditions de vie précaires des intérimaires, leurs angoisses, le fonctionnement d’une centrale nucléaire (de la fission de l’atome à la gestion des ressources humaines) en passant par une réflexion sur le nucléaire qui s’appuie notamment sur l’exemple de Tchernobyl.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans l’ouvrage ?

    Le récit met en avant le danger, en termes d’exposition aux radiations et de conditions de vie, auquel s’exposent les ouvriers du nucléaire. En arrière-planémerge égalementune réflexion sur les risques du nucléaire pour la population, en particulier à travers la catastrophe de Tchernobyl, évoquée à plusieurs reprises selon une gradation ascendante et sur laquelle s’achève le texte (cf. les lignes finales reproduites en citation).

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    Chaque élément du récit s’appuie sur des recherches documentées concernant le nucléaire en France, les conditions de travail des ouvriers, les positions des associations écologistes, ainsi que la reconstitution des événements qui ont abouti à l’accident de la centrale de Tchernobyl.

    Le texte fait-il apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Les intérimaires apparaissent d’une part comme victimes d’un système qui fait passer leur bien-être après la rentabilité, et d’autre part, paradoxalement, comme ceux sur qui pèsent de grandes responsabilités, et sont donc des figures de « sacrifiés » envoyés au front du risque environnemental. Loïc et Yann incarnent deux types représentatifs : le premier n’a pas résisté à la pression psychologique inhérente au métier, a démissionné avant de se donner la mort. Le second a fini par subir l’accident redouté par tous les intérimaires de la maintenance du nucléaire et doit se reconvertir.

    Citations

    « Réveiller les consciences, alerter l’opinion. Chez ceux à qui on demande d’aller toujours plus vite et au moindre coût, qui font leur boulot et encaissent les doses, la prise de conscience est déjà faite : la durée d’un arrêt de tranche divisée par deux en quinze ans, la sous-traitance en cascade, les agents d’EDF coupés de l’opérationnel qui perdent pied, et cette pression morale sans équivalent dans d’autres industries. Donc oui, les dangers du nucléaire. Une cocotte-minute. Et en attendant d’en sortir, dix-neuf centrales alimentent le réseau afin que tout un chacun puisse consommer, sans rationnement, sans même y penser, d’un simple geste. » (p. 32)

    « Un soir tu rentres chez toi, tu es au taquet. Tu as dépassé le quota de dose réglementaire. […] On n’a pas envie de se plaindre. Malgré que. On ne se sent pas en droit de le faire. On aurait nous-même tressé la corde ou forgé la lame, on nous dirait ça, que ça ne nous étonnerait pas. Pourtant. Quelque chose de central a été atteint. Et la nausée et la fatigue, là-dessus, ne rajoutent pas grand-chose. D’en être arrivé là, à vendre son corps au prix du kilo de viande, on lui en serait presque reconnaissant, au corps, de nous imposer ça. » (p. 60-61)

    « Au matin du 27 avril 1986, le vent souffle sur les plages de la mer Baltique. Un vent du sud après six mois d’hiver. […] Et des gens marchent pieds nus et les pieds rouges dans le sable glacé pendant des kilomètres, ceux qui cherchent l’ambre au bord de l’eau comme après les tempêtes pour en faire le commerce mais là juste pour le plaisir, et ceux qui ne cherchent rien, qui profitent du calme, de la douceur de l’air et du ciel bleu, de tous les bienfaits de l’anticyclone qui a bien voulu quitter ses quartiers d’hiver et descendre en Sibérie vers les grandes plaines céréalières, en Ukraine comme ailleurs, partout l’envie d’exposer sa peau aux rayons du printemps est la plus forte, la peau nue et blanche, les landaus ouverts, sous le soleil du dernier dimanche d’avril, chacun admire le ciel et espère qu’il fera beau jeudi, au-dessus des cortèges du 1er mai. » (p. 140-141)


    Mots-clefs

    responsabilité humaine / nucléaire/ énergie / maladie / catastrophe

     

     

    Fiche réalisée par Cécile BOUDEAU

     

    Catégorie générique

    Roman