Rouge Karma
Références de l'ouvrage
SIMON Eddy (texte), GOMONT, Pierre-Henry (dessin et couleurs), Rouge Karma,
Sarbacane, Paris, 2014, 122 pages.
Les auteurs
Eddy Simon est né en 1968 en Seine Maritime. Journaliste et passionné de bande dessinée (créateur de deux fanzines), il a écrit le scénario de plusieurs BD, faisant de l’écriture pour la bande dessinée son activité principale depuis 2013. Il partage sa vie entre la France et l’Inde. Pierre-Henry Gomont est né en 1978 et vit en région parisienne. Sociologue de formation, il est le dessinateur de cinq bandes dessinées. L’album Rouge Karma a obtenu le prix SNCF du Polar BD 2015.
Résumé
Lorsque l’aventure commence, Adélaïde, jeune femme enceinte toute proche d’accoucher, arrive à Calcutta (Inde) pour y chercher Matthieu son compagnon. Celui-ci est parti depuis 6 mois pour travailler en tant qu’informaticien dans une grosse entreprise indienne. Mais depuis un mois, il n’a plus donné signe de vie à Adélaïde. En arrivant sur place, Adélaïde peut rapidement compter sur le soutien d’un conducteur de taxi, Imran Suresh, qui l’aide à mener son enquête à travers la ville. Ils découvrent peu à peu que Matthieu s’est mis dans un très mauvais pas : la Tatcom Water, l’entreprise qui emploie Matthieu, cherche à racheter aux autorités indiennes corrompues la rivière Testa pour en contrôler le cours et spolier ainsi le Bangladesh d’une partie de ses ressources en eau. Matthieu, en découvrant l’affaire, a détourné des documents compromettants pour alerter la communauté internationale. Après bien des rebondissements, Adélaïde parvient à retrouver Matthieu sain et sauf, mais celui-ci tient à accomplir sa mission jusqu’au bout avant de revenir auprès d’elle et leur enfant, mis au monde au cours des nombreuses péripéties.
Les planches sont fortement colorées, dans des teintes chaudes allant de l’ocre au rose fuchsia. La technique utilisée, très aquarellée, permet une fusion des couleurs qui rappelle l’esthétique du cinéma indien de Bollywood. L’enquête menée par la jeune femme est en fait moins le sujet de l’histoire que son prétexte : il s’agit dans cette BD de présenter avec de forts contrastes la ville de Calcutta aujourd’hui. Les dimensions culturelle, politique (avec la corruption) et économique du pays y sont convoquées.
La présence de la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
Dans cette BD, la question de l’accès à l’eau, qui constitue un des problèmes géopolitiques majeurs du XXIe siècle, notamment à cause du changement climatique et de l’appauvrissement des ressources, est la clef de voûte de l’intrigue. La question environnementale est ici traitée sous un angle bien spécifique, stratégique, économique et politique.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
L’aventure ici racontée est inventée, mais s’inspire d’une situation réelle. La bataille de l’eau est particulièrement prégnante en Inde aujourd’hui, en raison de l’appauvrissement de ses ressources (pollution industrielle et domestique des fleuves, pompage en excès) d’une part, de l’augmentation des besoins en eau d’autre part, avec une pression des entreprises industrielles à la demande croissante, et la nécessité de recourir à une cogestion de fleuves stratégiques, que les différents pays concurrents (et surtout les deux géants que sont la Chine et l’Inde) cherchent à exploiter le plus possible à leur profit, par des systèmes de barrage.
Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Non.
Citation
Page 87 : Après avoir appris que la Tatcom Water cherche à confisquer la rivière Testa pour priver le Bangladesh de son accès, Adélaïde et Imrad regagnent le taxi, toujours sur la piste de Matthieu. Imrad prend la défense de l’entreprise, considérant qu’elle préserve les intérêts des Indiens.
Case n°5 : Plan large où sont représentés Adélaïde et Imrad auprès du taxi. Imrad : « C’est notre ressource naturelle et elle est aux Indiens ! »
Case n°6 : Plan moyen, plus proche des deux personnages pris dans un échange vif. Adélaïde : « Tu entends tes propos Imran ? C’est purement égoïste et irresponsable !... » Imrad : « Vous êtes qui pour me faire la morale ? »
Case n°7 : Gros plan sur le visage en colère d’Imrad : « Tout ce qui vous intéresse, c’est Matthieu !... »
Mots-clefs
Inde / corruption / eau / responsabilité humaine
Fiche réalisée par Blandine CHARRIER