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    Chantal Montellier - Tchernobyl mon amour

    Chantal Montellier - Tchernobyl mon amour

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    Tchernobyl mon amour

    Références de l'ouvrage

    MONTELLIER, Chantal, Tchernobyl mon amour, Actes Sud BD, Arles, 2006, non paginé.

    L’auteur

    Chantal Montellier est née en 1947 et se forme à une carrière artistique à l’École des Beaux-Arts de Saint-Etienne. Enseignante d’arts plastiques, elle poursuit un travail personnel de peintre de 1969 à 1973, qui aboutit à une exposition au Grand Palais à Paris dans le cadre de la Jeune Peinture. Elle publie également de nombreux dessins de presse depuis les années 1970 et anime des ateliers de création, notamment en milieux scolaire et carcéral. Elle a par ailleurs publié près d’une trentaine de bandes dessinées et plusieurs romans. Son parcours éclectique, très imprégné du monde de l’art, se révèle dans le traitement graphique de ses BD. Son œuvre est marquée par un engagement politique et féministe revendiqué.

    Résumé

    À l’automne 2005, 20 ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la journaliste Chris Winckler, à Paris, est chargée d’écrire des articles sur l’accident de Tchernobyl pour son journal libertaire La Vérité. La jeune femme est anéantie par l’abondante documentation qu’elle consulte pour son travail d’investigation. Chris se rend un jour à l’inauguration d’une exposition dans une galerie d’art Place des Vosges consacrée à un artiste russe, Nikolaï Bielski, où sont présentées des œuvres provocatrices qui exhibent les effets de la radiation nucléaire. Là, un homme accuse publiquement l’artiste de détourner les fonds destinés aux victimes de Tchernobyl par l’entremise de l’association « Les Anges de Tchernobyl ». Chris se rapproche de cet homme, Andréï Tcherenko, qui était ingénieur à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Celui-ci lui raconte sans détour que l’incompétence de ses responsables a provoqué l’accident et que l’impact de la tragédie a été volontairement minimisé, au point qu’on a refusé à sa famille d’obtenir de l’iode, seule capable de réduire les effets des radiations. Le mutisme et la surdité des autorités, renforcés par le désespoir de Tchérenko face à la mort de ses deux enfants et de sa femme, l’ont poussé à se rendre justice lui-même en éliminant un mafieux enrichi par le détournement d’argent, Romantchouk, dirigeant de l’association des « Anges de Tchernobyl », bénéficiaire des recettes du commerce des « œuvres » de Nikolaï Bielski. Traqué par la mafia, Tcherenko n’imagine plus s’en sortir indemne, aussi confie-t-il à Chris la mallette contenant tous les documents compromettants, afin que soit révélée cette affaire au grand jour. Chris promet de faire le nécessaire et de disparaître quelques temps pour éviter toutes représailles. Elle part en Ukraine pour visiter la zone désormais interdite, mais sa rencontre avec un étrange personnage sur place la pousse à reprendre sa moto pour fuir au plus vite ce monde souillé physiquement et moralement, comme devenu fou.

    La bande dessinée est fondée sur une ligne narrative assez classique (l’enquête d’une journaliste la conduit à mettre au jour un système mafieux complexe auquel les gouvernants eux-mêmes ont participé) et un montage caractérisé par la déconstruction. Les planches sont hétéroclites : si certaines d’entre elles ont une composition traditionnelle, la plupart du temps l’agencement des vignettes se fait par chevauchement, certaines occupent toute une page et présentent des tableaux mettant en scène des objets visuels aux connotations très variées. L’univers graphique utilise fortement le processus de prolifération et de duplication, ce qui participe à la construction d’images où se déploient le fantasme et la monstruosité. En outre, l’auteure intègre ou détourne des peintures ou illustrations célèbres, dans un geste à la fois d’hommage et de dégradation. Le fréquent basculement d’un réel délirant vers le pur cauchemar entretient l’instabilité du monde dans lequel évoluent les personnages. La référence à l’apocalypse est omniprésente dans l’album.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    La catastrophe nucléaire de Tchernobyl est le nœud de l’histoire, puisqu’elle est à la fois l’objet de l’enquête de l’héroïne et la source de nombreuses malversations politiques et mafieuses. La dimension écologique de la catastrophe est particulièrement mise en relief à travers la description détaillée des symptômes des victimes directes des radiations, sur les humains comme sur les animaux domestiques ou d’élevage.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    L’accident nucléaire de Tchernobyl comme ses conséquences sur l’environnement et les vivants sont réels. La bande dessinée intègre d’ailleurs de nombreux textes factuels nourris par une documentation précise sur les dégâts réellement causés par la catastrophe.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Non.

    Citation

    Planche de trois cases, deux carrés dans le tiers supérieur, un carré plus grand occupant les deux tiers restants.

    case 1 : encadré de la voix narrative : « Dans l’ancienne ferme des Parfenov, annexée au Kolkhoze, un porcelet est né avec, à la place des yeux, des excroissances tissulaires où l’on ne distinguait ni cornée ni pupille… Il ressemblait à une grenouille ! » ; image : au premier plan, une vieille femme assise de profil, en tenue typiquement slave (jupe longue, une chemise ample et un fichu). Elle tient un bâton et semble plongée dans ses pensées, toute recourbée. Une bulle de pensée avec les signes « !?! » indiquent sa surprise. À sa droite en arrière-plan, un cochon avec deux boules adipeuses à la place des yeux.

    case 2 : encadré de la voix narrative : « La ferme compte 350 vaches et 87 porcs. En cinq ans, avant l’accident nucléaire, on n’y a enregistré que trois cas de monstruosités parmi les veaux et les porcelets… » ; image : gros plan sur une cagoule de combinaison intégrale avec masque à gaz. Dans l’œil droit du masque, un dessin gribouillé évoquant peut-être une forme animale, dans l’œil gauche, un porc avec des excroissances aux yeux et trois queues en tire-bouchon. L’arrière plan entourant la silhouette en combinaison est fait de deux frises de fleurs rappelant les bordures des illustrations de contes traditionnels.

    case 3 : encadré de la voix narrative : « …Mais en un an, après l’accident, il y a eu 64 monstres ! 37 porcelets et 27 veaux, ces derniers naissent le plus souvent sans tête ni extrémités… sans yeux, ni côtes !... » ; image : Toute l’image est un pastiche des illustrations de Bilibine, un célèbre illustrateur russe du XIXe siècle (ce que confirme la mention « d’après Bilibine » en bas à gauche de l’image). Au premier plan, au centre de l’image, une femme au visage triste donne le sein à son enfant, dans une posture faisant explicitement référence à la Madone. Ses mains mates et viriles tranchent fortement avec la pâleur de sa poitrine. Une bulle restitue ses paroles « Baïouchki Baïou… ». Derrière elle un coq chante, tandis que deux vignettes représentant une poule en gros plan sont incrustées à l’image. La vieille femme et son cochon réapparaissent à l’arrière plan, devant une maison luxueuse typiquement russe. La vieille femme pense « Bojé moï ; bojé moï ! ». Au loin à gauche, derrière une palissade, trois individus en combinaison intégrale apparaissent.

    Mots-clefs

    nucléaire / Tchernobyl / responsabilité humaine / pollution / corruption

     

    Fiche réalisée par Blandine CHARRIER                                   

    Catégorie générique

    Bande dessinée